Pour bien réussir le cheval melba, prenez un cheval.
Un beau cheval.
- Le poil doit être lisse, c’est un signe de bonne santé.
- L’oeil doit être vif, éveillé...
Et on doit y sentir, dans cet oeil de cheval, ce regard indéfinissable, plein de tendresse débordante et de confiance éperdue dans l’homme dont ces cons d’animaux ne se départissent habituellement qu’aux portes des abattoirs.
- Donc, prenez un cheval.
Comptez environ huit cents kilos pour mille deux cents personnes.
- Pendant qu’il cherche à enfouir son museau dans votre cou pour un câlin, foutez-y un coup de burin dans la gueule.
Attention ! Sans le tuer complètement :
Le cheval, c’est comme le homard ou le bébé phoque, faut les cuire vivants, pour le jus c’est meilleur ! Bon.
- Réservez les os et les intestins pour les enfants du tiers-monde.
- Débarassez ensuite la volaille de tous ses poils, crinière, sabots et de tous les parasites qui y pulullent :
poux, puces, jockeys, etc.
- Réservez les yeux. Mettez-les de côté.
- Vous les donnerez à bébé pour qu’il puisse jouer au tennis sans se blesser, car l’oeil du cheval est très doux.
- Préparez pendant ce temps votre court-bouillon, avec :
- sel, poivre thym, laurier, un oignon, clou de girofle, persil, pas de basilic, une carotte,
- et un mérou qui vous indiquera, en explosant, la fin de la cuisson à feu vif,
Comme pour la recette du chat grand veneur :
"Quand le chat pète, le mérou bout, et quand le chat bout, le mérou pète"
(c) Pierre Desproges.
Extrait du :
"Réquisitoire contre Pierre Trois Gros" au "Tribunal des flagrants délires"( émission de radio France Inter) du 7 octobre 1982.