Muriel Robin : La vedette
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J'adore être connue, je ne le retire pas mais j'adore être connue sauf... dans ma famille.
Je vous dis ca parce que j'y étais le week-end dernier, et... Oh ! J'aimerais vous faire comprendre parce que, parce qu'il se passe quelque chose de très particulier...
Bon la famille,... ils me ratent pas, quoi !
Par exemple ma grand-mère, - très en forme dimanche... - :
J'arrive, elle me dit : "Je t'ai regardé hier à la télé, c'était quoi cette coiffure ?! On aurait dit un pigeon crevé..."

Oh ! T'es content quand t'arrive, c'est vrai ! Surtout après 400 bornes, ça fait bien plaisir !!!

Ma mère - bien, bien - enchaîne derrière : "Oh ! Non, puis alors qu'est-ce que t'avais ? T'é..., t'é..., t'étais pas drôle, alors ! ...
Oh ! Non, on n'a pas pu regarder jusqu'au bout; avec ton père, on est allé se coucher."
- Ne vous dérangez pas pour moi, hein ! - "... "cireux", voilà, t'avais le teint "cireux" !"
Oui, faut juste savoir que ma mère quand elle croit qu'elle monte le son, elle monte les couleurs !

Ils ne critiquent pas, ils se soucient.
Mais j'ai beau le savoir, je me le prends quand même dans les dents, vous voyez...
Alors après, j'entends : "Allez la vedette, à table !"
Ah ! Oui, "la vedette" c'est moi.
Il faut juste que j'aille, bon... alors...
Oui parce que "la vedette" c'est mon nouveau prénom, hein ! , Bon... Je veux bien d'ailleurs... mais mes parents non, mais parce que bon...
Moi, en plus, Muriel bon, je m'étais habituée au bout d'un moment, c'est normal aussi...
Bon. Alors... j'arrive à table : "Alors comment elle va la vedette ?"
- "Et ben, elle va, elle va..."
Bon, ben si je vais dans leur sens : - "Et comment elle va la mère de la vedette ?!"
Hein ! ... On ne peut pas tout ramené à ça non plus, bon...

Alors, non mais dimanche, c'était un feu d'artifice !
Ma mère : "Alors, on t'a mise en bout de table, comme ça, ça te change pas,... tout le monde te regarde !"
J'ai faillit demander à ma mère si elle avait fait payer les places, et puis non... Oh ! Ça aurait été de mauvais goût, hein ! .
Comme jusqu'à présent, vraiment, tout avait été de bon goût, hein ! Je me suis abstenue.

Non, mais, incroyable ; elle dit ma mère, elle dit :
- "Oh ! Non, on a dit que l'on ne l'embêtait pas avec ça....
On ne lui parle pas de show-business."
- "Oui, enfin, tu sais maman, on peut en parler hein !
C'est juste un métier que j'ai, ce n'est pas un cancer !"
Qu'est-ce que je n'avais pas dit ?!
Du coup, on a parlé que de ça, alors que de ça !
- "Alors, et comment il est Alain Delon en vrai ? Il est beau ?"
- "Non, ben non, ben non, beeehhh behheehhh. Et non, il est moche !"
- "Et Palmade - Sanson, qu'est-ce qu'ils font depuis ? Ils divorcent ? Ils divorcent pas ?"
- "Ah ! Mais je ne sais pas, maman; je n'ai pas toutes mes fiches, je ne peux pas te dire, alors..."
- "Et Véronique et Davina, elles ont au moins 102 ans ?"
- "Oh ! Oui maman, tu ne l'as pas su ? ... 102 par jambes, hein ! Évidement !!!"

J'avais une dalle, moi : des crocs, mais comme des baïonnettes.
Et ben, mon menu : alors je vais vous le faire : En entrée, qu'est ce qu'on a eu...
On a eu Claire Chazal et sa nouvelle coiffure.
Après, en plat, Johnny et ses régimes.
Alors sur le fromage... Drucker, ben ça, c'est toujours un peu... Bon.
Et sur la Périgourdine, Obispo.
J'ai mis un petit moment à percuter parce qu'eux, ils l'appellent "Au pipo" ! Alors c'est pff ! ...
Bon, alors,... Bon. Moi j'avais encore quand même mes 400 bornes de virages dans les patounettes, hein !, Bon.
Et comme j'avais un début, un gros début de nœud, comme un nœud marin à la place de l'estomac, que ça faisait "cccrrriiicccc".
C'est peut-être pour ça que j'ai pas bien pris la sortie de ma sœur, très, très en forme, elle aussi :
- "Dis donc ma grosse, je ne sais pas si c'est le champagne ou le caviar, mais depuis la dernière fois, t'as doublé de volume ! Ah ah ah ah..."
C'est ma sœur, elle s'est occupée de moi quand j'étais petite, elle doit me voir comme un gros bébé...
Mais enfin, bon, quand même, le gros bébé il fait 1 mètre 70 avec un bras de chaque coté, une main à chaque bout dont l'une a faillit lui partir dans la figure quand même, hein !

Oh ! Non, mais vous savez c'est marrant...
Alors, il y a un truc qui revient aussi à chaque fois, alors là, c'est leur grande question.
J'ai l'impression que ça les préoccupent vraiment hein ! : D'où vient son talent ?
Alors, il y a une espèce de tour de table, et on cherche, on cherche,...
Oui, parce que ça vient pas de moi, ça vient de quelqu'un.
On cherche, voilà,... hmmm.
- "Son père était très drôle quand il était jeune, ça c'est... oui".
Alors, ma mère, toujours : - "Ah ! Ben, les mimiques c'est moi, regardez !".
Ah ! Oh ! Comme elle se tient, c'est vous Tati Jeanne."
Tati Jeanne ?! Quand elle mâche, on dirait un culbuto... Ah ! Non, mais fallait me prévenir à ce moment là...
J'annulais le spectacle, et puis je faisais Bouglione ou un Pinder.
Tati Jeanne !!! Enfin bon, bref...

Attendez, ça, c'est ceux qui parlent.
Parce qu'il y a ceux qui ne parlent pas.
Oh ! Non, alors là, dimanche, oh ! Non, il y avait un cousin...
Mais d'où elle le sort ma mère ?!
Moi, je ne sais pas d'où elle le sort...
Je l'ai jamais vu, je l'ai jamais vu ce garçon.
Faut dire que depuis que je suis connue, il y a un nombre de ramifications dans cette famille...
L'autre, il n'a pas pipé, pas un mot.
Les couverts, comme ça dans l'assiette, il ne m'a pas lâchée, comme ça, comme ça,...
De temps en temps, ça faisait, je vous le fais...
(Elle l'imite) : "Ça fait bizarre, ça fait bizarre, ça fait bizarre..."
Entre nous, je peux lui retourner le compliment...

Moi aussi, ça m'a fait bizarre.
Et... Ah !, Il y a ça aussi,...
Ça alors, ça c'est...
Tout d'un coup, je réalise que mon tonton Pascal n'était pas là.
Alors, eh ! ... Je l'aime bien. Oui, je l'aime bien...
Je l'aime bien, je ne le vois pas souvent mais, je l'aime bien.
Alors je dis : "Pourquoi il n'est pas là Tonton Pascal ?"
Et ma mère me répond : "Oh ! Tonton Pascal, il est mort, il y a un mois.
Mais on n'a pas voulut t'embêter avec ça..."
Alors là, ça a été le coup de grâce parce que, quand même, bon, mon tonton Pascal quoi, enfin.
On aurait pu me prévenir.
Mais bon enfin, c'est vrai, c'est vrai que si vous êtes connu, et qu'on vous apprend la mort de quelqu'un, ça vous embête...
Alors que si vous n'êtes pas connu, vous avez du chagrin...
C'est normal, hein !
Non, mais ils pensent vraiment qu'on est différent.

Mais moi, que je suis différente.
J'ai commencé à débarrasser la table, et je peux vous dire que, chez moi, la table, je l'ai débarrassée plus d'une fois...
Là, ah, ben, on aurait dit que je faisais une cascade.
C'est drôle,... Mais c'est vrai que quand on est connu, on ne débarrasse pas, enfin, on ne débarrasse plus.
Moi, je vois chez moi, quand j'ai finit de manger, au dernier coup de fourchette, l'assiette, elle a compris.
Elle saute toute seule dans le lave-vaisselle...
Ah ! Ben oui, c'est comme ça,...
J'ai des assiettes de vedette.
Voilà, c'est,... c'est pas pareil, c'est... "quick"... ça part tout seul, c'est bon.
Ah ! C'est marrant.

Bon alors, mais je vous dis tout ça mais surtout que l'on soit bien d'accord, malgré tout, j'ai passé un bon dimanche, et vous allez voir que parfois ça ne tient à pas grand chose...
À un moment, il y a mon grand-père qui me fait un signe comme ça.
Je sentais bien qu'il voulait me prendre à part.
Toc, j'ai dit j'y vais : au point ou j'en suis...
Et il m'a glissé un billet de cinquante francs dans la main, et il me dit :
- "Bon, c'est entre nous hein ! Dit rien à ta mère, hein ! Allez..."
- "Oui, pépé, merci, je dis rien, pépé".

Alors, comme quoi, dans la vie, oui, il y a ceux qui vous RECONNAISSENT...
Et puis il y a aussi ceux qui vous CONNAISSENT (elle montre son grand-père)...

(c) Muriel Robin