Muriel Robin : La réunion de chantier
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Au téléphone : - Oui, bouges pas !

- Allez-y messieurs, allez-y, installez-vous...

Au téléphone : - Hein ? Je suis sur le chantier, là... Voilà. Je sais... On va se rappeler tout à l’heure, mon amour...
Bouges pas, deux secondes...

- J’arrive, messieurs, j’arrive tout de suite.

Au téléphone : - Oui ?! Goulou goulou, oui. Chouca chouca... Gouzi gouzi...
Je vais pas pouvoir tous te les faire, mon chéri. Je suis pas toute seule. Voilà. Je t’embrasse. À plus tard !
Oui, chéri.. j'ai les ouvriers qui sont là... je peux pas bien te parler...
Ben, oui, je suis sur le chantier, avec les ouvriers...
Ecoutes, je sais pas... Oui... Gouzi gouzi... Goula goula ... Bouzou bouzou...
Oui, je suis pas seule, je peux pas tous te les faire...
Bon, je te rappelle tout à l’heure ...

- Oui, excusez moi... Non, je disais, on aurait du prendre un architecte. Je sais pas, une intuition...
Oui, Monsieur Gomez, ça avance, ça avance, mais je trouve qu'on s'éloigne de plus en plus de ce que j'imaginais au départ...
Sans parler des détails. Par exemple, là, sans réfléchir, vous diriez qu’on est dans quelle pièce ?
Le dressing ?! Gagné ! C'est le salon, hein !!!
Cette cloison, vous l'avez montée hier sans rien me demander...
De toute façon, elle tombe très bien cette réunion de chantier ...


Ah, Monsieur Fauré, c'est gentil d'être venu...
Dites moi, Monsieur Fauré, on parlait bien de fenêtres ? On a jamais évoqué des meurtrières ?!
Vous aviez un lot de vieux châssis à refourguer ?
Puis alors, j'insiste, Monsieur Fauré, tenez vous en au plan !
Ne posez des fenêtres que quand ça donne sur l’extérieur...
Puisqu'on en est aux ouvertures, la porte qui va de la chambre à la salle de bain, comment je l'ouvre ???
Oui, « Yé la pouche », c'est gentil, Monsieur Fauré « Yé la pouche... », j'entends bien...
Mais voyez, c'est bien qu’on en parle parce que j'aurai préféré la "tirèze"...
Ben oui, parce que la porte quand "yé la pouche", elle bute contre le lavabo... Clac ! Il est derrière, alors donc…

D’ailleurs, à ce propos, Monsieur Bricou, j’ai vérifié :
C’est pas les robinets qu’il faut changer, non. C’est toute l’installation, hein !
Toute l’installation !!! Non, une chasse d’eau à 80°, il y a un problème, je suis désolée.
Et alors, il y a intérêt à faire fissa pour sortir de la pièce. Faut pas traîner là. Vous notez.
Je vous reprends tout de suite après, vous...

Alors, qu'est ce qu'on fait, Monsieur Fauré, pour ma porte de salle de bain ? On la laisse comme ça ?
Chaque fois que je veux me laver les mains, je la dégonde ???
Bon, et puis les bitonios qui sont censés caler les volets à l'extérieur, "clic clac, clic clac", on peut les rapprocher ?
Oui ! Des fenêtres, oui ! Parce que là, je suis carrément obligée de faire le tour par l'extérieur pour fermer mes volets...
Oui, c'est un "détail", Monsieur Fauré, mais à ce moment-là tout est détail...
Votre veste a des boutons, c'est un détail, mais, vous avouerez que pour la fermer, c'est plus pratique, non ?
Et puis, qu’est ce qu’il s'est passé avec les doubles-fenêtres ? Y a un peu de jeu ?!!!
Ah, oui, ça, y a du jeu !!! Y'a carrément un trou comme ça, entre les deux battants, on passe la tête Monsieur Fauré !!!

Alors, moi, ça fait deux mois que ces travaux devraient être finis...
Alors, au début, la caravane dans le jardin, ça m'a filé un petit coup de jeune...
Là, ça fait 15 jours que je suis ici, ça me rappelle les auberges de jeunesse... Mais là, c'est bon !!!
Alors, on s'entend bien, y a une bonne ambiance, tout le monde se connaît...
Moi, j'ai envie d'être désagréable avec personne... mais, nom de Dieu !
Si au 30 juin, vous avez pas viré tout votre merdier et que tout n'est pas nickel, ça va chier dans les ventilos !
Non, je ne monte pas le ton ! Seulement, si, je le monte, parce que je sais pas ce qu'on est en train de tourner comme film, mais pour l'instant, c'est « Bricolo-Bricolette font leur cabane » !
A 200 plaques la cabane, j'ai droit d'être contrariée !!!

Monsieur Martin, juste pour rigoler, vous mesurez combien ? Les appliques, elles m'arrivent là !
Si on les allume pas, on dirait des vide-poches...
Ah, ben oui, les remonter, parce que les descendre, j'aurais peur que ça fasse carrément cendrier...
Pffu Puis les remonter, comme le mur est déjà fini, on aura une jolie petite goulotte pour le fil... tout est comme ça !

Oh la la ! Monsieur Pralon, vous avez peut être un compas dans l’œil, moi, j’aimerais mieux que vous ayez un mètre dans votre poche.
Vous m’avez fait un très bel escalier, dans un très beau bois, mais, avec des marches, oh ! Elles sont comme ça !
Bien pratique pour monter dans sa chambre, le soir.
- « Chéri, on va se coucher, nous. Allez hop là ! »
Oh ben, quand on arrive en haut, on n’a plus qu’à se coucher, on est cané !
Je ne sais pas, qu’est-ce qu’on fait, Monsieur Pralon ? Qu’est ce qu’on fait ?
On envisage un escalier de service à côté du principal ? Peut être sur le coté, une corde à nœuds ???
Non, je cherche... Pardon ?! J’ai pas compris... C’est un modèle … standard ?
Ils l’ont testé avec qui ? Une girafe ?! Je t’en foutrais du standard !
Je vais vous filer un pantalon à moi, vous allez mesurer les guibolles; et vous me ferez un modèle standard… mais personnalisé !
Voilà, ça c’est réglé !

Après. Il est pas là l’autre qui siffle tout le temps, là ?
Pizzaiolo. "Fffu" .. - Ça aussi, toute la journée. "Pffu … "
Il est sur le chantier d’à côté ?
Alors c’est pareil :
Je ne sais pas ce que vous trafiquez entre le chantier de Madame Fronsac et le mien, mais il y a des trucs qui sont pas clairs.
Je suis désolée, mais je sens qu’il y en a une qui va être marron...
Et je sais pas pourquoi, je sens que ça va être dans ce coin là, dis donc.

Ben oui, y a de quoi être énervée, parce que franchement, je t'ai eu le terrain pour une bouchée de pain...
Pour l'instant, j'ai une maison avec une louchée de cons !!!

Bon, ben c'est une formule, excusez-moi, excusez moi, je retire...
Bon, voilà, je me suis énervée. Comprenez que pour moi, c’est lourd.
Moi je suis toute seule pour tout superviser, mon mari est à l’étranger.
Bon voilà, je retire.
Mais, en plus, ça, c'est pas à moi de le faire, ça, c'est le boulot de l'architecte, il est où lui ?
Ah, oui ! C’est vrai, j'en ai pas pris...
M'enfin, avouez, que, franchement, faut être... con - j'ai pas d’autre mot - pour aller me foutre une prise d'antenne télé grosse comme ça, dans les toilettes !
C'est une idée de qui ??? C'est une idée de con ! ... C'est une idée de moi ? ...
Et ben, à ce moment là, c'est une idée que j'ai eu, et qui est loin d'être con d’ailleurs...
Oui, c'est vrai que les toilettes, c'est toujours une pièce un peu rébarbative, on s'y fait toujours un petit peu...
Bref, et je me suis dit : « Pourquoi pas une télé... », mais si y avait que ça comme problème, ça m'irait très bien...
Tiens, d’ailleurs, tout de suite. La peinture de la chambre. Il est pas là le peintre ? Il vaut mieux pour lui !
Peinture à l’éponge ? Ah moi, je dirais plutôt à la queue de vache.
A mon avis, il a pris des bouses, et "Paf !", il les a balancées sur le mur.
Il a fait rentrer un troupeau de vaches, un peu de foin, et allez les filles ! Tout le monde au travail ! Ah, Mmm !
Ah ben, je vois que ça, je vois que ça... Il y a ça d’épaisseur sur les murs.
Il y en a même qui ont du se gratter sur les montants de porte.

(Sonnerie)

Tout est à refaire !
Bougez pas ! Je sais plus où j’en suis, bougez pas. Je vous reprends...

Au téléphone : - Allo ? Non, il est pas là, c’est sa femme.
Qui est à l’appareil ?
Son mari ?!
Et ben, ben, alors c’est toi ?
Mais dis le que c’est toi !!!
Non. Je suis là, je suis sur le chantier. Je vais craquer, chéri.
Dis ? à quelle heure tu arrives demain ? ... Une semaine !!!
Allez, reste à New York, habite là bas, achète toi des oreilles de Mickey ! Fous-moi la paix !!!
Moi ça va très bien. Je vais m’acheter un casque, une truelle. Je vais aller voir chez Gauthier s’ils font des bleus de travail...
Je te laisse, là. Ben, j’ai mes gars qui sont là, et j’ai mon ciment à galocher ! Voilà !
J’ai un double-appel ! Embrasse ta femme, fous-moi la paix !

- Allo ?
… Oui, oui, Caroline...
Comment tu vas ma belle ?
… Non, la maison, c’est fini. Tout fini, détails, tout.
… Justement j’étais avec Jacques, il est à New York … Ben, c’est qu’il a pas encore tout vu.
Vous allez voir quand il va tout voir, ça va péter !
Hein ? … On en parlait de la chambre, l’idée de l’éponge... C’est ce que je disais, on dirait qu’il y a un peu de matière…
Ben, dis-moi, tu viens quand tu veux... Dès que tu rentres...
Tu es rentrée ?
Ah ah … Et bien, on se rap…
Tu es dans le quartier ?
Demain ???
Bon... Attends, bouge pas ! ... Deux secondes !

- Qu’est ce que je fais moi maintenant, dans ce merdier ? Qu’est ce que je fais ? Ah, je vous retiens !
- Allo ? je sais pas… écoute … j’ai pas compris… cric cric … je suis sous un tunnel …
Ca-ro-li-ne, c’est ha-ché de mon cô-té. J’ai l’im-pres-sion que tu es loin, tu m’entends ?
Tu vas voir, tu es loin-in…

- Vous avez vu, vous avez vu le cinéma que j’ai été obligée de faire ???
Ça, vous ne me l’aviez pas mis dans le devis que j’allais perdre ma meilleure amie !

Tiens ! Pizzaiolo ! Sauvée, je vous reprends ! Pizzaiolo, là, pfffu…
On avait dit 14 h, c’est quoi l’excuse aujourd’hui ? Vous êtes venu en gondole ?
Alors vous … vous… Vous avez la palme, il fallait la donner à quelqu’un, elle est pour vous !
Vous êtes carreleur et vous carrelez très bien … mais vous carrelez trop, trop. Beaucoup trop, je vous le dis, beaucoup trop !
Quand je vous ai dit s’il en reste vous les mettrez dans la chambre.
Je parlais des cartons, c’est-à-dire on prend les cartons et on les met dans la chambre.
Qu’est-ce qu’il a fait ? Il m’a carrelé … la moitié de la chambre !
De toutes façons, je ne crois que ce soit possible.
Il a vidé tous les cartons, c’est-à-dire que j’ai moitié carreaux, et, derrière, ça part tranquille en moquette.
Quand même, c’est pas moi quand même ?
Il y a des branchements qui ne se font pas là haut ! Non, mais y a des branchements qui se font pas !
En parlant de branchements, Monsieur Martin, qu'est ce que vous m'avez mis comme ampérage au compteur ???
Parce que ça me laisse pas une grande marge de manoeuvre... Si, ça saute ! ...
C'est vraiment ou Brushing, ou sono, ou jardin éclairé ou dinde dans le four...
On fait rarement les 4 en même temps ???
Et bien moi, j'ai peut être envie de faire mon babyliss, sur un fond de Mozart, en me disant :
« Ouh, ce que mon jardin est joli la nuit ! » et « Miam miam, y a une bonne dinde dans le four ! »
Alors, mon compteur, vous le gonflez, vous en foutez, vous me collez un mec qui pédale dans la cave...
Mais moi, je veux qu'y ai du jus !
Et je parle pas de la dinde !!!

Puisqu'on est dans la bouffe, on va aborder la cuisine, hein, Monsieur Firmin ?
La fameuse cuisine high-tech hydraulico-electronico coloconique je-sais-pas-quoi...
Pour reprendre votre formule : « La cuisine Firmin, la cuisine de demain ! » : faudrait déjà qu'elle fonctionne aujourd’hui !!!
Quand je pense que vous m'avez fait gober qu’ils avaient les mêmes à la NASA...
Si leurs fusées marchent aussi bien que ma hotte, je sais pas quand les derniers sont partis, mais il faudrait penser à téléphoner à leurs femmes, parce qu'ils sont pas prêts de rentrer !
Ah oui, j'en parle de la hotte, et j'ai pas fini d'en parler, parce qu'alors, pour aspirer, elle aspire...
Mais vous avez vu où vous avez foutu le dégagement ? Pile dans ma penderie !!!
Maintenant, quand je sors, on dirait une grosse frite qui se promène...
Ah, je vais vous en faire de la pub !!!
Si on met demande qu’est ce que je met comme parfum, je dirais : « Frite, de chez Firmin ! »
Et pis, ça va pas bien, vous ?! Vous avez la main lourde sur la scie.
Quand je vous ai dit que mon plan de travail était trop haut, il y avait ça !
Alors "zic, zic...", là, c’est carrément une cuisine pour enfants.
Mais, je vais m’adapter, je vais changer ma vaisselle. Je vais m’acheter une dinette. Une petite dinette.
Et puis je ferai des tous petits plats, des petits rôtis, avec des petites tranches et des tous petits légumes.
Et je vais inviter des petits amis, hop ! Je ne monte pas sur mes grands chevaux !
Regardez je montre sur mes tous petits chevaux ! Et j’exprime mon énorme contrariété !

Alors, bien sûr, M. Firmin, vous comprendrez, je vais vous faire un tout petit chèque !
Alors tout petit, minus de chez minus de chez reminus.
Avec une signature, c’est-à-dire, ça va être une crotte de signature. Brrr, voilà !
Une somme, alors ça va être une crotte de crotte de somme... Brr brr !
D’ailleurs, on va tout faire tout petit, ça va arranger tout le monde !

- On va faire des tous petits bitoniots sur des tous petits volets.
- Des tous petits escaliers, avec des toutes petites marches, avec des petites girafes, avec des petits counets, counets.
- On va rentrer des toutes petites bouses, on va les jeter sur des tous petits murs.
- On va faire rentrer des vaches, grandes comme ça, avec des petites queues, avec des poipoils au bout.
- Des petites meules de foin, grandes comme des plaquettes de beurre.
- Et puis, on va faire des petits murs, avec des toutes petites éponges.
- On a fait une petite réunion, pour un tout petit chantier...
...
- Et moi, moi, je vais une toute petite dépression !!!

(c) Muriel Robin