Les Chevaliers du Fiel : Le Chant des Municipaux
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Chef  : - Feuiles ! Petit : - Rateau... Chef  : - Feuiles ! Petit : - Rateau... Chef  : - Feuiles ! Petit : - Rateau... Chef  : - ... (geste du doigt) Petit : - Rateau Chef  : - Je l'ai pas dit !!! Chef  : - Feuilles ! Petit : - Rateau... Chef  : - Et voilà...
Et voilà, mon petit, maintenant, tu peux le dire : tu fais partie de la Grande Famille des employés municipaux.
Petit : - Eh oui. Chef  : - Eh.... Petit : Ah ! Quand même, ça a pas été facile... Chef  : - Oh, hé, c'est pas facile, non ! Petit : - Non. Jusqu'au bout, j'ai eu peur, hein ? Chef  : - Oh ! Petit : - Parce qu'attention, hein ! Il fallait voir le concours, quand même !!!! 30 postes, ... 30 candidats. Chef  : - Hé, hé... Petit : - C'est que... Faut pas se rater, quand même. Chef  : - Hé ! Je sais, je sais... Qu'est-ce que tu fais ? là ??? Qu'est-ce que tu fais ?!!! Petit : - Hé... hé, hé... Je prends la brouette. Chef  : - Qu'est-ce qu'il y a écrit sur ton ordre de mission ? Petit : - Euuuuh... Et bien, euh... "râteau".... Chef  : - Alors : tu penses "râteau", tu vis "râteau"... ta vie est un râteau !!!
Un jour, - peut-être - , tu seras brouette....
Mais le chemin est long, et parsemé d'embûches.
Ceci dit, je t'en veux pas : moi aussi, j'ai été débutant, et je te comprends.
Tiens, tu vois, moi je me souviens, j'avais été nommé à "triage de vis et de boulons", au service technique de la mairie.
Petit : - (siffle) Chef  : - Hé... seulement, à force de les avoir sous le nez, toutes ces vis... Petit : - Hmm.... Chef  : - Un jour, j'ai eu envie d'en visser une.... Petit : Et oui... Chef  : Alors, un matin, le souffle court, haletant, je prends un tournevis, je vise la fente.
Et, au moment où j'allais tourner le poignet, une grosse main caleuse se pose sur mon épaule.
Et j'entends une voix qui me dit : - "DIS DONC, T'ES À TRIAGE OU T'ES À VISSAGE ?
TU VEUX CRÉER DU CHÔMAGE EN DOUBLONNANT LES EMPLOIS ?!!!"
4 ans plus tard, je vissais.
Petit : - Waouh ! Quelle belle histoire ! Chef  : - Et oui ! Et c'est là que j'ai obtenu 80% d'invalidité - ça m'a déformé l'index. Petit : - Oh ! Quelle carrière ! Le parcours parfait. Chef  : - Ho la la, j'aurais pu viser plus haut... !!!
J'aurai pu être jardinier personnel des yuccas de la femme du maire.
... Mais j'ai jamais accepté de coucher pour y arriver...
... D'ailleurs, personne me l'a jamais demandé non plus.
Petit : - Et, quand même ? Il viendra pas, le type de la brouette, là ? Chef  : - Ah, non ! Il est en récupération.... Petit : - Vacances ? Chef  : - Pas vacances, non ! Toute la nuit, il a collé les affiches de monsieur le maire...
Alors, aujourd'hui : moi, je repère les feuilles; toi, tu simules le ratissage...
Et, si lundi l'équipe est au complet... on concrétise.
Petit : - Ah ! Ah, ce sera beau, quand même. Chef  : - Ah, ça sera beau, il faudra que tu aies des nerfs, petit.
Tu vois... Faudra que... Ça sera comme dans un rêve.
Tu vois... Moi, je fais toujours le même rêve :
Je rêve que la France entière serait employée municipale.

(Petit musique douce à la flûte, et ils s'expriment d'un air lyrique et poétique)

Tout le pays ne serait qu'un ballet de blouses, aux couleurs multicolores...
Onze heures moins le quart : l'heure de l'embauche.
Je suis devant mon casier.
L'heure du choix est posé ; blouse verte ou blouse bleu ?
Le temps de se décider, midi vient de sonner.
La cafétéria, la réunion syndicale la grille du loto... et, déjà... c'est l'heure de reprendre : quinze heures quinze.
Viens l'heure du choix du balai ;
Petit : - Ah ! Dans leurs bel étui en skaï, ils sont là : tels des fauves avant l'attaque.
Mais lequel choisir ?
- Le court à poil dur pour les déjections canines
- ou le souple en osier pour les feuilles pouvoir ramasser... Ah !
Chef  : - 16h10 : Nous sommes dans le camion, prets à l'action. Quand tout à coup... -Petit : ... il pleut ! Chef  : Et nous nous faisons violence pour ne pas y aller... Petit : - Alors que d'autres n'auraient pas hésité à mal travailler. Chef  : - Mais nous ne sommes pas dans le privé. Nous, à la ville, on aime le travail bien fait Petit : Oh ! Chef  : Oh ! Une Espace gris métalisée ! C'est monsieur le maire qui fait sa tournée.
Ne sommes nous pas, nous, les employés municipaux, les bases d'une pyramide dont le maire est le sommet ?
Petit : - Alors viendra ce long mois de décembre... Chef  : - ... un mois, si dur, tout entier, à faire du porte à porte, en vendant des calendriers... Petit :- Critiqués, copiés... mais jamais égalés ! Chef  : - Nous sommes les mercenaires de la propreté... Petit : - Nous rendons à la ville sa virginité...
Alors, harassés, mais le coeur léger, nous rentrons dans nos foyers...
Chef  : - Mais, tu pleures, petit ??? Petit : - Oui, chef... Ce monde sera il un jour réalité ? Chef  : Il le sera petit...
Alors, pour récompenser notre ténacité, nous pourrons chanter ce chant, si beau... "Le chant des municipaux".

(Rythme lent; belle mélodie au piano...)
Petit : - Feuilles... Rateau.
C'est le chant des municipaux... -
Chef  : Feuilles... Rateau.
C'est bientôt l'heure de l'apéro...

3, 4...

(Rechanté sur un rythme samba rapide, en dansant; le public tape dans les mains en rythme...)

♫ Feuilles... Rateau, C'est le chant des municipaux...
Feuilles... Rateau. C'est bientôt l'heure de l'apéro... ♫


(c) Les Chevaliers du fiel. Extrait du spectacle : "La brigade des feuilles"

- Eric Carrière (le chef)
- Francis Ginibre ("petit")