FR3 Île-de-France est allé au lycée Henri Bergson, à Lillant dans l'Yonne.
Il subsiste toujours des problèmes, mais on se serre les coudes.
C'est ainsi que Monsieur Franck Bardu, professeur d'éducation physique, a décidé de prendre en attendant la place du professeur de philosophie, toujours vacante. M. Bardu : -Voilà je suis là parce que votre professeur de philo, euh, n'a toujours pas été remplacé. Donc c'est moi qui, en attendant, euh, vais assurer les cours. OK ?
Bon, euh... sinon, voilà, bon on va commencer... Qu'est-ce que vous étudiez, là, dernièrement, euh... ?
(Un élève lève le doigt) M. Bardu : - Oui ? Élève : - Epicure et la luxure. M. Bardu : - Epicure... et la luxure ???!
Ben, écoutez, euh... Pour la luxure, un simple bandage suffit. Hein... Y'a pas besoin de...
Voilà.... D'autres questions ?
- Euh, c'est vrai qu'en cumulant, euh, éducation physique, poterie et philo, euh... j'arrive quand même à dépasser le SMIC, hein, faut l'dire, euh, j'suis franc avec vous...
Mais, euh, là... J'attends quand même que l'Education Nationale accepte que, qu'après les cours je puisse faire le ménage dans les classes...
Et auquel cas, - si ils accepent -, ça me permettra de respirer quand même financièrement... ça, faut le dire.
Mais... Pftt.... c'est difficile, hein...
M. Buisson : - Il subsiste des... des problèmes qui sont problématiques qui demeurent et qui sont inadmissibles. Voilà... On peut pas...
Tant que les pouvoirs publics auront pas accepté ce que les dirigeants du euh.... du SGEN, de la FUV, du SPLIT et du ZGEG réunis ont proposé, on reste dans l'impasse. Reporter : - C'est quoi ces propositions ? M. Buisson : - Bon alors, les propositions elles sont claires :
° Primo : revalorisation des pouvoirs d'achat.
° Deuxio : augmentation des salaires.
° Et tierco... trimo : plus d'argent à la fin du mois. Reporter : - Qu'est-ce que vous enseignez vous, euh ??? M. Buisson : - Le... euh... Cherchez pas à embrouiller... le... Y'a un un problème... il faut le résoudre !
... Le français.... le français, c'est ça....
Reporter : - Pourtant, pour certains, comme Mademoiselle Éliane Labutte, professeur de musique, les jours nouveaux ne sont pas à la morosité.
(Écrit au tableau : "Vendredi 22 mars: Meunier tu dors") La classe : (Les élèves chantent horriblement faux)
- ♫ Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin va trop vite... Meunier tu dors... ♫ Mlle Labutte : (Mlle Labutte donne 3 coups de règle sur la table...)
- Non... Non. Ça ne va pas du tout !!! Chut !!!
- Isabelle, chut !
- Meunier, qu'est-ce que tu fais ? Meunier : - Je dors, madame !. Mlle Labutte : - Qu'est-ce que tu fumes, là ? Donne-moi ça ! Qu'est-ce qu'..., qu'est-ce que c'est que ça ?! C'est pas du tabac, j'espère ? Meunier : - Non, c'est de l'herbe... Mlle Labutte : - Il est interdit de toucher aux pelouses de l'établissement...
(Écrit au tableau : "Labutte = grosse pute")
- Il faut savoir être à l'écoute... Aujourd'hui, nous avons travaillé une chose facile, "Dïe zonne Neït dicht gefragt lücht sö" de Schubert"... Et demain nous travailleront les "Béatle". Reporter : - Les Beatles !!! Mlle Labutte : - Les "Béatlaisse".
Reporter : - S'adapter... se mettre à l'écoute des élèves, c'est le maître-mot de l'enseignement aujourd'hui. M. Buisson : (M. Buisson lit un "Paris-Match")
- "C'est super, virgule"...
"Johnny... a dit à Adeline"...
"Johnny a dit à... A-de-li-NEUH" (... sinon, ça fait "Adelin").
"Ah que... c'est.... chouette."
M. Bardu : -Voilà... Donc, inconscient et subconscient. Hein...
Donc, euh, j'pense qu'avant tout le problème c'est une question de souplesse. Hein ?
Donc, maintenant on fléchit bien : Un-conscient et subconscient.... Et deux-conscient et subconscient...
Maintenant on réfléchit, bien sûr : Et trois-conscients et subconscient. Hein ?
Tout dans les genoux ! Question de, euh... OK ?
Reporter : - Quoi qu'il en soit, tout le monde s'accorde à penser que le gouvernement fait de gros efforts... M. Buisson : - Bon, alors... Les Grands Hommes de France ???
On reprend depuis le début ! Il y a eu : LÉON BLUM... Après, JEAN JAURÈS... Ensuite, MITTERRAND.
Et juste avant Mitterrand, y a eu un TRÈS mauvais président, c'était ? C'est ? C'est ? Élève : - C'est ton d'Estaing !!! (Rires de la classe)
M. Buisson : - Roooo, pfff... Avec les élèves, ça va, mais disons, que, avec les parents d'élèves, parfois, il y a des p'tits problèmes, c'est sûr...
Reporter : - Encore qu'en matière de budget, quelques petits efforts restent à faire. Mlle Labutte : - Non, non, non...
Tiens, donne moi ça toi ! (elle lui emprunte une bombe de peinture)
Pfft... C'est simple, pourtant ! Si je vous fais ça, il est où, le ré, là ? Le ré, il est où ???
Christophe : (L' élève lance un couteau sur le table au niveau du "ré"...)
Mlle Labutte : - Bien, Christophe. Bien...
Reporter : - Vaste problème que l'enseignement, où les polémiques demeureront toujours.
Mais au fait ? Les élèves, - les premiers intéressés -, comment vivent-ils tout cela au quotidien ? Jeune boutonneux : - J'suis pas d'accord : Les professeur ils gagnent du fric et nous on gagne que dalle ! Et même... y'a des fois... Jeune de banlieu : - Hein, y'a des problèmes ! Faut faire quelque chose ! Jeune boutonneux : - ils arrivent en retard... Jeune beurette : - Ça, s'y vrai... Y' a di problimes !!! Il faut li dir, li profissors...
(c) Les Inconnus.
Pascal Légitimus........ Franck Bardu, professeur d'éducation physique et remplaçant en philo / Le jeune de banlieu
Didier Bourdon.......... Mademoiselle Éliane Labutte, professeur de musique stricte et coincée / La jeune "beurette"
Bernard Campan.......... Monsieur Buisson, professeur de français et syndicaliste de gauche