La Saint-Valentin... Les filles, qu'est-ce qui se passe avec la Saint-Valentin ?!
Si on n'assure pas ce jour-là, on perd tous les Miles accumulés !
Ça veut dire quoi ?
Toute l'année, on vous donne, on vous aime, et le jour de la Saint-Valentin, vous êtes du genre : - "On va voir s'il va oublier !"
Et nous, on argumente : - "Mais chérie, c'est une fête commerciale..."
- Le mec a fait du business toute la journée, il devient anticapitaliste ! -
Ou alors : - "Mais mon amour, avec toi, la Saint-Valentin... C'EST TOUS LES JOURS !
Je l'ai fêtée une seule fois dans ma vie.
J'ai voulu la jouer super classe, élégant, gentleman.
J'ai été dans un endroit très chic, le resto où tu vas jamais, tellement que quand tu y vas, t'as le trac.
Ce genre d'endroit où, en tant qu'ancien pauvre, t'as la pression.
Oui, je préfère "ancien pauvre" que "nouveau riche".
Est-ce qu'on dit de ceux qui perdent de l'argent que ce sont de "nouveaux pauvres" ?
C'est un tabou de parler d'argent en France.
Il faut pas.
Non non, y a pas.
On parle pas de ça. Non.
Mais si ! Les riches et les pauvres, il faut en parler.
Leur différence, c'est pas une question d'argent. C'est une histoire d'ambiance.
L'enfant riche entend des phrases que le pauvre n'entend pas.
L'enfant riche entend : - "Tu veux une glace vanille-chocolat-melon intérieur cuir, double airbag ?"
Mais oui ! L'enfant pauvre entend : - "Tu veux une glace ?" Ouais ?
... Eh ben, moi aussi !"
Bref, j'arrive dans un restaurant tellement chic que personne ne parle.
À mon avis, c'est tellement cher que les gens sont bloqués.
Y a pas - "Tape m'en 5, tu connais la meilleure ?"...
Non ! Même les rires des gens sont à 130 euros, genre...
C'est tellement classe et élégant qu'il y a une joueuse de harpe.
Et toi, tu fais : - "C'est normal. Je connais."
Arrête tes conneries !
Quand t'allais au kebab, personne tapait la harpe comme ça !
On est arrivés pour s'asseoir.
Le mec te tire la chaise, dans ces restos, et aussi, quand tu fléchis les genoux, il te la repousse.
- J'ai jamais compris ce truc -.
Ils veulent coïncider exactement l'instant où tu t'assois et celui où la chaise est replacée.
Je le sais, qu'il faut fléchir pour s'asseoir !
Ça m'énerve tellement que je fais des coups de vice.
L'autre, il est en mode jeux Olympiques de la chaise.
- "Putain, il va s'asseoir quand, lui ?"
Laisse-moi tranquille !
On avait chacun 5 assiettes, 6 couteaux, 7 verres, 9 fourchettes.
J'ai appelé le serveur : - "Eh, on est que deux !"
Il nous a donné les menus.
Dans ces restos, sur le menu de monsieur, y a les prix, et sur le menu de madame, y a pas les prix.
- J'ai jamais compris pourquoi -.
Ils ont peur qu'elles aient peur ?
Toi, t'as les prix, t'as la réalité en face, et t'attends.
T'es en "suspense".
Tu sais pas où ça va tomber.
Là, tu es peut-être le plus grand des gentlemen, dès qu'elle te dit le nom du plat, tu fais droite/gauche sur la carte.
Quand le mec te dit ce que tu vas manger, t'as l'impression d'être au théâtre.
- "Mesdames, meffieurs, pour vous fe foir, triple salto arrière de pamplemouffe fur fon coulis de fruits rouges en fac de couchage.
Ciboulette et arbalète en ananas et catamaran de coings en confit de figuier installé délicatement fur fa fine pâte mi-cuite, mi-pute, mi-soumise.
Qu'est-ce qui se passe ?!
Ils amènent à manger, donc... c'est sous des cloches...
C'est un jeu, faut deviner ?
C'est bidon ! J'ai commandé, je sais ce qu'il y a dessous !
Tu veux que je devine ?
Je te réponds "pamplemousse".
- "Ah oui, pamplemouffe."
Ils arrivent avec les cloches.
Des spécialistes : des "clochards" !
Ils t'enlèvent ça, c'est une chorégraphie.
Kamel Ouali de la cloche !
Et tu découvres une crevette, petite, toute seule. Tu cherches...
- Y'a personne avec toi ?
Même la crevette, elle nous a regardés, elle a dit: - "Oui, c'est abusé !"
Il faut s'y faire.
Le mec est venu à la fin.
Il a osé nous dire : - "Un petit digestif ?"
Qu'est-ce que tu vas "digester" ?
De quoi tu parles ?
Et l'addition, putain !
J'aurais dû demander un devis.
J'y suis plus jamais retourné.
Terminé, la Saint-Valentin !!!
© Gad Elmaleh