C'est dur de s'occuper des petits. C'est difficile.
C'est dur pour un papa de faire semblant de ne pas avoir entendu le bébé qui pleure.
Les mecs, on l'a tous fait au moins une fois, ça.
La maman se lève et c'est là que tu dis :
- "Tu veux que j'y aille, chérie ?"
Mais de temps en temps, on assure !
Non ? On assure ou pas ???
Le seul problème qu'on a, je l'avoue, c'est que quand on fait un truc, on a besoin de reconnaissance.
A 4h du matin, quand on fait un biberon, on aimerait qu'il y ait un orchestre avec des choristes qui feraient :
- "T'es un mec génial, tu fais un biberon.
En plus, tu mets le lait en poudre !
Yeah ! Yeah !"
Les mecs sont comme ça....
Si on fait un petit-déjeuner, on en parle la veille.
- "Demain, dans ta maison, papa prépare le petit-dèj' !"
Le gars croit que c'est un évènement.
- "J'suis trop fort !
Faut que ça fasse le buzz !
Papa presse les oranges !
Café ou thé ? C'est la folie !"
On est comme ça, on changera pas...
Et ce qui me fascinera le plus et toujours, c'est que dans notre vie professionnelle,
on peut faire des choses super compliquées, mais que dans notre vie privée, de minuscules choses nous font bugger complet.
Le mec qui fait un biberon à 4h, t'as l'impression qu'il essaie de faire décoller une fusée.
Il peut être expert-comptable, il sait pas à combien de cuillers il en est...
8, 12, 15 ?, il en sait rien !
Alors, il a un reflexe humain mais absurde : il regarde le petit tas de lait dans l'attente d'une réponse.
Non, il ne peut pas te dire !
Alors, il renverse.
Il veut faire ça bien.
Donc, il renverse, et recommence, et renverse, et recommence.
À un moment, il n'y a plus de lait en poudre.
Il faut aller à la pharmacie de garde, à la place de Clichy.
Sauf qu'à 4h30 du matin, devant la pharmacie, les mecs qui sont là, ils sont pas là pour du lait en poudre...
Les mecs qui sont là, c'est :
- "T'as besoin de quelque chose, mon frère ?"
- "Ben oui. Du lait en poudre..."
- "T'es déjà dans un grand délire, toi !"
Laisse tomber. Tu reviens à la maison, t'assures...
© Gad Elmaleh