FLORENCE FORESTI  :  L'entreprise

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Et c'était bizarre, les rapports hommes-femmes dans l'entreprise.
Ou plutôt, la place qu'ils ont dans l'entreprise. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Chacun son poste.
Je me suis dit qu'on pourrait inverser les rôles. Les femmes à la place des hommes, et inversement.

- Christian, apportez-moi un café. Vous êtes gentil. Bien. Merci...

- Vous venez pour le poste de standardiste ? Oui. Notre ancien collègue est en conge maternité.
"Standard". ... Pardon... C'est sympa, le téléphone, hein ? C'est épanouissant. Alors... "Standard". Très bien.
Euh... Quel âge vous avez ? 43 ans ? Oh... Bientôt la retraite ! On rigole.
Ça se verra pas. Vous serez au téléphone, Dieu merci. 43 ans. Très bien.
Vous êtes marié, peut-être ? Vous n'êtes pas marié du tout ? C'est bizarre. Un bel homme comme vous, on croirait pas...
Bon. Alors "Je le note. "Not married". Vous pouvez pas comprendre, c'est de l'anglais... Verbe irrégulier... "ed". Ho ! Alors...
Vous avez des enfants ? ... Des enfants ??? Non ? Je préfère. Les papas qui filent à 17h pour chercher les gamins, ça suffit !
Vous n'avez pas prévu d'en faire dans les 10 prochaines années ? Non ? Super. Bonne réponse.
Bien. Ecoutez, je crois qu'on a fait le tour. Monsieur Chabert, c'est ça ?
Je vous appellerai Patrick. Ce sera plus pratique. "Patrick, pratique... J'adore l'humour.
Bien. Ecoutez, Patoche. Je vous remercie. Merci d'être venu. Je vous rappelle vite, Patou.
Voilà. Au loin, comme ça. C'est bien, ça. C'est pas mal...

- Christian, faites rentrer les filles pour la réunion.
Vous prendrez les messages. Vous êtes mignon.
Il y a un truc sur le mur. Voilà. Petit cul, va !

- C'est parti ! Comment ça va, les filles ? Je suis à la bourre. Qui j'ai pas vu, ce matin ?
Ça va, Poulimon ? Bien ? Il est joli, votre tailleur. Bon. Ça va. On a compris.
Allez. Qui est-ce que j'ai pas vu ?
Berger, ça va ? Fermez votre corsage. On voit tout.
Fermez votre gueule, aussi. Vous m'ènervez. Vous avez rien dit, je sais. Mais c'est en prévision.
Perez, elle est là...
Euh... Elle est où, Bosquet ? J'ai 2 mots à... Hein ? Fourré ? Mme Fourré. Quel nom ! Il faut changer. Ça va pas, "Fourré", c'est moche.
Avec les clients, ça va pas : "Je voudrais Fourré". Changez. Prenez votre nom de jeune fille.

Bourlier, ça va ? Petite mine, aujourd'hui. Mais grosse haleine, par contre, hein ? Restez éloigné de moi. Par là-bas. Merci.
Je vous aime pas, Bourlier... C'est pas nouveau !"
(Raclement de gorge.)
Alors... On n'est pas là pour parler chiffons. On y va. Voilà. C'est fait. Je suis pas contente. Que s'est-il passé en clientèle ?

Je vous écoute. Oui, devant les autres.

Perez, c'est vous qui commencez. Je suis là. Vous cachez pas derrière votre frange.
Que s'est-il passé en clientèle, Perez ?
"Pas votre faute ?", "Les temps sont durs... ?" "Stop ! Vous m'ènervez.

- Christian, ce café, vous le torrèfiez vous-même ? "El Gringo". Oh... Je vous taquine.
D'accord. Merci, Christian. Oui. Moi aussi. Moi aussi, Christian. Bisou. "Moi aussi. Non. A tout à l'heure.

- Bien. Bourlier, vous êtes avec nous ?
Qui j'ai pas entendu ? Vous, on a compris. Ça serait intéressant, d'entendre Berger.
- Comment voyez-vous la semaine ?
Il faut dire qu'elle louche, Berger. Comment tu veux qu'elle voie la semaine ? Elle est comme ça...
- Berger, arrêtez de pleurer. Je vous taquine...
- On se moque pas du physique, Bourlier.
Alors, d'après vous, c'est quoi ? "La récession" ??? Bien sûr, oui. Elle est là, avec ses yeux qui se disent bonjour.

- Merde... Ah, Christian. Pardon, je vous avais pas vu. Allez-y.
Oui, je me recoiffe. Posez le café dans ce périmètre. Merci. Ah, la sucrette est tombée. Baissez-vous. Merci, Christian. Merci.

Bien. Alors... On laisse le problème en l'état. Il est 20h. Laissons les hommes de ménage travailler.
On peut finir dans mon bureau. J'ai des cigares et du Chivas. Et j'ai trouvé un site de cul, les filles !!! PompiersEnChaleur.com


(c) Florence Foresti. Extrait de "Florence Foresti fait des sketches à La Cigale" (sketch 5/12)