FLORENCE FORESTI  :  L'actrice

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(Applaudissements). - Non, c'est pas la peine d'applaudir. C'est un petit sketch de rien du tout, ça.
C'est rien, pour moi. Un sketch de situation, c'est bête comme chou. Hop. Voilà.
Ah, je vous ai pas dit : je place mon décor et mes accessoires en lumière, devant vous.
D'habitude, on fait ça dans le noir, entre 2 sketches, très vite. Mais c'est idiot.
Pendant que je déambule, pour vous, c'est le plaisir des yeux. Vous vous règalez, bien sûr. On va pas s'en passer.
En même temps, les autres comédiens ont des assistants. Ce que je n'ai pas.
Enfin, c'est pas grave. C'est plus sympa, de faire ça soi-même. C'est plus convivial, moins "showbiz". Moins frime, quoi. Hein ?

Ça m'arrange car la notorieté, ça m'intéresse pas. Si c'est pour finir comme le chanteur de Gold... Plus personne sait comment il s'appelle.
Personne sait... le chanteur de Gold ? Hein ? Emile ??? Maintenant, on sait que tu as acheté la compil. Emile et Images.
Ça doit être sympa, chez toi. Je dis ça, mais j'adore Gold....

La notoriété, c'est dangereux. Ça change les gens. Une fois connus, certains deviennent vite imbuvables.

- Bonsoir. Vous savez, je... Je crois que si j'en suis là actuellement, à exercer ce merveilleux metier d'actrice de cinema...
ce n'est pas uniquement grâce à mon talent.
Non ! Non. Je crois que c'est avant tout grâce à ma famille.
Quand je dis ma famille, je pense à mon "marÊ" et... Mon "marÊ". M, a, r, Ê. MarÊ." Mon époux, si vous préférez.
C'est égal. Notez ce que vous voulez. Il est également mon producteur, mais c'est anecdotique.

Quand je parlais de famille, je pensais à mes enfants. Ce sont des merveilles, et dans la vie d'une femme, ça n'a pas de "prÊx".
Car je suis également une femme. Ne l'oublions pas. Peut-être même avant d'être une actrice.

Mes enfants sont tout pour moi, vous savez. Ils m'ont tout pr... Tout donné. Réellement.
Je crois même qu'ils m'ont construite. Ils sont ma lumière, mon équilibre, ils sont mon "ènergÊ".
J'irais même plus loin: ils sont mon eau minérale. Oui. C'est ça. Mes enfants sont ma Badoit.
(Clics d'appareil photo). -Les flashs...
(Applaudissements). -Merci.
Très inconfortable.

Vous savez, nous, gens de cinéma, acteurs, artistes, comédiens d'interprétation, "peu-t-importe", nous avons la lourde tâche et la chance inouïe, je dirais, de pouvoir "incarnÊ" tous les personnages d'une vie. C'est ce qui fait notre richesse.
Sans mes enfants, je n'aurais pas pu fuir le monde normal. Ils m'ont poussée à faire ce métier. Je ne supportais plus leurs cris.
C'était leur manière de me dire : «Mère, vous êtes faite pour une autre vie. Fuyez !"
lls m'ont mise dehors. lls sont si intelligents, finalement. Très intelligents. Bien sûr. Bien plus que les dauphins.
Oui. Bien sûr, j'aimerais les voir plus souvent. Quelle question ! Souvent, je souffre, seule, dans ma chambre d'hôtel, à l'autre bout du monde, à New York, à Los Angeles, à Dunkerque, California.
Impossible de les emmener. La vie de palace n'est pas faite pour eux. Dans des draps de soie, un enfant pourrait glisser. Soyons sérieux.
- Non, ils ne vivent pas à la maison avec nous. C'est exact. Oui, oui. Je ne préfère pas. Le marbre est trop dangereux, pour les enfants.
Et inversement. lls sont bien plus en sécurité avec leur nourrice, Melinda.
Ah oui. Une femme admirable, m'a-t-on dit. Incroyable. Je veux que leur vie soit "preservÊ" de la jungle parisienne, le bruit, la foule, la pollution, la fête, la vie...
Je les ai laissés en bordure de la ville, dans la bourgade de "Mantes-la-JolÊ". C'est merveilleux. C'est la campagne.
Ils ont un bout de gazon où ils peuvent joueÊ. Ils ont une balançoire. Je l'ai vue sur les photos. C'est sublime, une balançoire, pour un enfant.
(Clics d'appareil photo).
- Nous nous voyons une fois par an, c'est exact. Pour la Toussaint. J'aimerais que ce soit pour Noël. Ce serait tellement plus romantique...
Mais l'hiver, je suis à "MÊiamÊ" avec mon "marÊ" et des "amÊs". Il fait trop froid, en France.
Mais eux, ils sont bien, ici. Ils ont la neige. En hiver, c'est important.
On ne peut décemment pas enlever la neige à un enfant! Je ne suis pas un monstre. Prévenez-moi !
Ce sera plus simple. J'adore mes enfants. Je vous l'ai dit.
Le petit dernier... Comment s'appelle-t'il ? Euh... C'est un garçon, je crois. "JeremÊ."
Il ressemble tellement à son père... Il faudrait qu'il le voie, un jour. Ce serait drôle. Ah oui. Formidable.
Mes enfants, je crois que je les aime trop. Ça me bouffe.
- Notez ça : "Ça la bouffe." C'est très joli.
Je me suis promis de les prendre dans mes bras. Pour une séance photo, sans doute. Ça leur ferait tellement plaisir. Les pauvres...

Ça va ? Vous vous habituez au physique ? C'est bon ? La lumière, en plus, ça sublime les individus.
C'est vrai. A vous voir dans l'ombre, et moi ici...


(c) Florence Foresti. Extrait de "Florence Foresti fait des sketches à La Cigale" (sketch 6/12)