FLORENCE FORESTI  :  (intro) Trop Belle

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Bonsoir. Salut. Merci. Bonsoir. Merci. Bonsoir...
(La musique s'arrête.) - Fastoche !
- Bonsoir à tous.
- Super...
Je suis ravie de vous voir, vraiment. A chaque fois, je suis contente...

Par contre, pour vous, ça doit pas être facile, de me voir en vrai.
Je sais ce que vous pensez. "Mon Dieu, qu'elle est belle !" Evidemment !
Ouais, bon... Ça va, on a compris. Là, c'est pas flagrant. J'ai mon costume de comique.
Je me suis "mochisée". J'ai fait exprès, pour me rapprocher de vous.
Tout simplement. On m'a dit : "Sois proche du public." Alors je m'adapte.
Evidemment, c'est n'importe quoi. C'est nul. C'est ridicule. Aucune tenue. C'est même pas le même noir. La honte !
Ne vous inquiétez pas, c'est fait exprès. Bien sûr. Ça, c'est une perruque. A part Mafalda, qui a une dérogation. Non, on peut pas.
Je suis pas comme ça. Dans la vie, je suis une grande blonde. 1,75 m au garrot, superbe. Mais si je viens comme ça ici, c'est l'émeute.
Vous êtes déjà au bord de l'émeute. Donc j'ai minimisé l'impact que je pouvais avoir. tout est faux.
Enfin, j'exagère. Pour le bas, j'ai rien pu faire. Parce que ça existe pas, les prothèses de corps moches.
On peut pas se "mochiser" du corps. C'est l'original. Ça reste assez superbe, surtout quand je fais ça. J'adore.
Je vais vous demander de faire un petit effort et de faire abstraction totale de ce physique de rêve pendant plus d'une heure.
"Comment va-t-on faire ?" Vous vous le demandez. Je vous entends. Mais il faut le faire. C'est important.
Il faut le faire, parce que sinon, vous serez subjuguès pendant tout le spectacle. "Est-elle réelle ?". Vous vous polluez l'esprit.
Vous n'écoutez pas et vous passez à côté. Et on se fait chier.
Là, par exemple, ça va pas. Je le sens. Il y a un désir qui plane au-dessus de vous. C'est pénible.
Oh, merde. Bon, allez. Tant pis. Je préfère. Non, mais c'est fait. C'est fait. Comme ça, on est débarrassés.
Je préfère que ça arrive maintenant que par accident. Ça peut créer des emeutes.
On peut perdre des gens. Vous l'avez vu. Il est parfait. Merci.
Et pour le reste... faites bien abstraction. Je compte sur vous.

Un conseil de professionnelle : il y aura un noir au début. Un effet spécial.
On éteint les lumières, en fait. Enfin, tout en même temps. C'est quand même pas...
Profitez-en pour vous reconditionner, comme si vous m'aviez jamais vue.
Comme ça, vous èvacuez le désir. Pensez à des trucs horribles pour vous calmer. - "Ah, Arlette Chabot !"
C'est possible. Elle existe en vrai. Elle peut venir à un spectacle.
J'ai peur qu'elle se lève, dans le noir, avec sa mèche. Mais elle est pas là, je crois. Non.
Mais je dis pas qu' Arlette Chabot est moche. C'est le nom qui est moche. J'ai pris au hasard.
Ça fait moche, ce nom. "Arlette Chabot", ça fait tout petit.
- Arlette Chabot.
- Enchantée. Hop là ! Je repars.
- Arlette Chabot, c'est moi. Voilà.
C'est la consonance, en fait, qui est moche...
Alors que "Florence Foresti", ça fait rêver. Non, ça fait rire. Bon. C'est pas grave. Je m'en fous. J'ai l'habitude.
Je récapitule le mode d'emploi du spectacle. Ça va faire...
- Oh !" (Noir.) Oh ! (Reconditionnement.) Arlette Chabot... C'est horrible.
"Applaudissage" en même temps. Très important. Et après, c'est bon.
Abstraction faite du physique, c'est l'autoroute du rire. C'est la grosse "poilade". Pouet ! J'ai cerné votre humour.
Très bien. Je saurai m'en souvenir en temps et en heure. On a le droit.
Je vous ai tout dit, pour l'intro.
Tout le désir s'est envolé. On peut démarrer. A tout de suite.

Noir !

C'est parti...


(c) Florence Foresti. Extrait de "Florence Foresti fait des sketches à La Cigale" (sketch 1/12)