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- Garçon, s'il vous plaît, je voudrais un café crème... - avec deux croissants.
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- Je m'excuse, monsieur, nous n'avons plus du tout de croissants.
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- Ah ? Eh bien, ça fait rien, alors... Je prends autre chose.
Vous avez qu'à me donner un café nature... Un café nature... - avec deux croissants.
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- Je veux dire que, les croissants, nous n'en avons plus. On a plus du tout de croissants.
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- Eh bien, voilà. Ça change tout. Si il y en a plus, je peux pas en avoir.
C'est pas grave, ça fait rien, je prends d'autre chose, alors... Je prends n'importe quoi... du lait.
Vous avez du lait ? Eh bien, donnez-moi un tasse de lait... - avec deux croissants.
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- Ça va pas. Vous êtes peut-être un peu fatigué ? Je vous dit, que les croissants, nous n'en avons plus.
Vous savez ce que c'est que les croissants ? Les croissants... les croissants c'est fini !
Des bretzels, des brioches, oui... Les croissants, non !
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- Faut pas vous énerver pour ça ! Ça fait rien. Écoutez, je suis pas le client embêtant.
Je vais vous dire, donnez-moi ce que vous voulez. Je peux pas même vous dire...
Du thé... du chocolat... Il y a du chocolat ? Amenez-moi un chocolat au lait, là... - avec deux croissants...
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- Dites-donc, vous. Vous en aurez pour longtemps à embêter ce garçon ? Hein ?
Je vous connais pas, vous. Je suis un client, monsieur. Je suis comme vous. J'étais derrière la colonne.
Vous m'avez peut-être pas vu, mais moi je vous ai entendu.
Vous êtes pas malade, non ? Qu'est-ce qui vous prend à embêter ce garçon ? Taisez-vous !
Laissez-moi vous dire, monsieur, que vous avez de la chance d'avoir affaire à un garçon qui a de la patience.
Parce que vous, mon garçon, si j'avais été à votre place, il y a longtemps que j'aurais pris les deux croissants et je les aurais foutus sur la gueule !
(c) Fernand Raynaud