- ACCOUCHER : Mettre au monde; enfanter
- ACCUSÉ : Mis en cause
- ACNÉ : Peau à problème
- ADO, ADOLESCENT : Adulte en émergence
- ADULTE : Personne expérimentée
- AFRIQUE NOIRE : Afrique subsaharienne
- ÂGE BÊTE : Âge d’opposition
- AGRESSION, VIOLENCE, DÉLIT : incivilité
- ALCOOLIQUE : Personne à sobriété différée
- ALLER AUX TOILETTES, ALLER AUX WC : Aller se repoudrer le nez; aller se rafraîchir
- AMÉLIORER : Optimiser
- ANALPHABÈTE : Personne présentant un déficit de lecture
- ARABE : Maghrébin / Beur / Enfant de la 2e génération / Nord-Africain
- ARCHITECTURE COLONIALE : Architecture tropicale
- ART PRIMITIF : Art premier
- AUSTÉRITÉ : rééquilibrage des finances
- AVEUGLE : Non-voyant / Malvoyant / Déficient visuel
- AVORTEMENT : IVG (interruption volontaire de grossesse)
-
BANDE DESSINÉE, BÉDÉ, BD : Littérature d’expression graphique - BÉBÉ : Individu du premier âge
- BÊTE : Personne présentant un déficit intellectuel / Personne n'ayant pas les pré-requis cognitifs / Mal-comprenant / Cérébralement différent
- BAISER, NIQUER, TIRER UN COUP : Avoir un rapport (sexuel)
- BALLE PERDUE (en temps de guerre) : Erreur de tir (synecdoque : le tir est désigné par le projectile)
- BANLIEUE : Périphérie / ZUP (Zone suburbaine de proximité) / Quartier sensible
- BASSE PYRÉNÉE : Pyrénées Atlantique
- BATARD : Né de père inconnu
- BAVURE POLICIÈRE : Dysfonctionnement
- BIBLIOTHÈQUE : Espace d'études
- BOMBARDEMENT (en temps de guerre) : Frappe chirurgicale, frappe ciblée
- BOOBS, NIBARDS : poitrine avantageuse (ou "il y a du monde au balcon")
- BORDELS : Maisons closes / Espaces réglementés / Salon de "massage"
- BOSSE : Protubérance
- BOULIMIE : Addiction à la nourriture
- BOYCOTT : Posture collective citoyenne
- BULLETIN DE NOTES : Livret de compétences
- BUTÉ : psychorigide
-
CADAVRE : Personne non vivante (expression euphémisante utilisée depuis 1988 en Angleterre) - CADRE DE 50 ANS : Senior confirmé
- CAFÉ : Espace de convivialité
- CAHIERS DE BROUILLON : Cahiers d'essai
- CAMBRIOLAGE : Délinquance de proximité
- CANCER : longue maladie
- CANCRE : élève en situation de réussite différée; Élève en difficulté; élève en situation d'échec
- CANTINE : Unité de production culinaire
- CENSURER : Modérer
- CHARLATAN : Praticien de médecine parallèle
- CHARENTE INFÉRIEURE : Charente Maritime
- CHARITÉ : Solidarité
- CHERCHER DU TRAVAIL : S’inscrire dans une perspective professionnalisante
- CHIASSE, COLIQUE, COURANTE, TOURISTA, DIARRHÉE : gastro
- CHLINGUER, PUER, FOUETTER : Ne pas sentir la rose; sentir bizarre
- CHOMEUR : Demandeur d'emploi / Personne en quête d'emploi / Personne en cessation d'activité / Offreur de service (ce dernier terme est préférable dans la mesure où il présente l'aspect positif de l'inactivité du chômeur, tandis que les premiers termes le présentaient dans une posture d'attente, ce qui le mettait en dehors de l'activité sociale, donc l'excluait, chose intolérable pour le politiquement correct)
- CITÉ : Habitat urbain
- CITADIN : Actif urbain
- CLANDESTIN : Réfugié économique débouté du droit d'asile
- CLODO, CLOCHARD, VAGABOND : SDF (sans domicile fixe); sans-abri, citoyen en rupture sociale
- COALLITION : Belligérance
- COLONISATION : Découverte (ici le politiquement correct va loin puisqu'il définit une réalité historique sous une forme quasi négationniste)
- COMMENCER : Initialiser
- CONCLURE : Finaliser
- CONNAISSANCES : Compétences
- CONSTIPATION : Désordre intérieur
- COUPABLE : présumé innocent
- COUPE-FAIM : Modérateur d'appétit
- COUPLE HOMOSEXUEL : Couple non traditionnel
- CRIMINALITÉ : insécurité
- CRIMINEL : victime de la société / Asocial / Désorienté affectif
- CROTTES DE CHIENS : Petits trésors laissés par nos amis à 4 pattes; déjections canines
-
DÉBILE : limité intellectuellement - DÉBILE PROFOND : fortement limité intellectuellement
- DÉBORDÉ : overbooké
- DÉFAITE : Non-victoire ( ici, principe de la Novlangue : on prend un mot positif auquel on ajoute un simple préfixe pour obtenir son antonyme, mais sans avoir à prononcer donc à évoquer une connotation négative)
- DÉGRADATION, TAG : expression artistique urbaine
- DÉGRAISSAGE DU PERSONNEL : plan de relance; rationalisation des effectifs
- DÉLOCALISATION : Implantation d’emploi à l’étranger
- DÉMODÉ : Folklorique
- DÉMOLIR : Déconstruire
- DAS : Aide sociale à l'enfance
- DELOCALISATION : Implantation d'emploi à l'étranger
- DÉPRESSION : Mal du siècle
- DÉPRESSION POST-NATALE : Baby blues
- DIVORCE : Séparation / Démariage
- DROGUÉ : Personne présentant une conduite addictive / Polytoxicomane
- DROGUE : Hallucinogène
- DROITS DE L'HOMME : Droits de l'Humain
-
EMPLOI DU TEMPS : Planning - ENFANT TRISOMIQUE : Enfant différent
- ENFANTS ABANDONNÉS : Enfants proposés à l'adoption
- ENFANTS DE PAUVRES : Enfants issus de familles fragilisées
- ENTERREMENT : Obsèques / Inhumation / Rituel de fin de vie
- ESCLAVAGE : Travail clandestin
- ESCROC : Personne éthiquement déboussolé
- ÉCHEC : Succès différé; contre-performance;
- ÉCHOUER : Réussir en dessous de ses possibilités
- ÉCOLE MATERNELLE : Etablissement de cycle préscolaire
- ÉDUCATION : Éducabilité
- ÉGLISE : Entité paroissiale / Espace de culte
- ÉLÈVE : Apprenant / Acteur de la formation
- ÉLEVE TURBULENT : Elève d'origine culturellement défavorisée
- ÉTAT MAJOR : Technostructure
- ÉTUDE DE MARCHÉ : Merchandising
- ÊTRE AIME : Être un objet d'aimance
- ÊTRE DÉPRIMÉ : Être à la périphérie de soi-même (jargon psychologique typique du politiquement correct)
- ÊTRE ENCEINTE / ENCLOQUE, AVOIR UN POLICHINELLE DANS LE TIROIR : attendre un heureux événement
- EXCLU : Sous-privilégié
- EXCLUSION : Mot qui n'a pas de remplaçants en discours politiquement correct car il est étymologiquement ( excludere, maintenir dehors) trop accusateur183(*).
- EXPLIQUER : Expliciter
- EXPULSER : reconduire à la frontière
- EXTREME DROITE : droite de conviction
- EXTREME GAUCHE : anticapitalisme
-
FAILLITE : Cessation de paiement - (FAIRE UNE) PARTOUZE : (avoir des) rapports en groupe
- FESSEE : Leçon donnée par un geste affectueux
- FILS D'IMMIGRÉ : Enfant de 2ème génération
- FLASHBALL : LBD (Lanceur de Balle de Défense)
- FOU : Personnalité de type borderline / Déstabilisé mental / Personne à émotivité différée /
-
GHETTO : Quartier communautaire; Zone urbaine sensible - GITANS, MANOUCHES, ROMS, ROMANICHELS... : gens du voyage
- GRÈVE : Mouvement social
- GRAFFITI, TAG : Expression artistique urbaine
- GROS : Personne enveloppée / Personne en surpoids / Personne présentant une surcharge pondérale / Personne possédant une image corporelle alternative
- GROSSE : Ronde
- GUERRE : Pacification
-
HAUSSE D'IMPÔTS : répartition des richesses. - HÔPITAL : Espace prophylactique
- HÔPITAL DES FOUS : hôpital psychiatrique
- HOMOSEXUEL : Gay (franchisé en « gai » depuis 1997) / Personne à sexualité alternative
-
IDIOT : Irrationnel - IGNORANCE : Non-encore savoir
- IMMIGRÉS CLANDESTINS : Sans-papiers / Exclus de la loi républicaine
- IMPOT, TAXE : Contribution sociale
- IMPUISSANCE : Impouvoir
- INATTENTION : Hypovigilance
- INCAPABLE : Inapte
- INCULPATION : Mise en examen
- INFIRME : Personne à mobilité réduite / Personne à compétence alternative / Personne confrontée à un challenge physique / Handicapé moteur
- INNATENTION : Hypovigilance
- INSTITUT DE BEAUTE : Espace de bien-être (plus politiquement correct car ne sous-entend pas que c'est un lieu uniquement réservé aux personnes belles)
- INSULTE : atteinte à la dignité
- INTÉGRISTE : Traditionaliste
- INVASION (en temps de guerre) : Libération
-
J'M'EN FOUTISME : Relâchement éthique - JOUETS DANGEREUX : Jouets sensibles (moins effrayant et plus commercial, politiquement correct donc)
- JUIF : Personne d'obédience judaïque / Personne de religion israélite / Personne de religion juive
- JUIFS : Peuple du Livre
-
LÉPREUX : Personne atteinte de la maladie de Hansen - LAID : Esthétiquement différent / Cosmétiquement différent / Physiquement atypique
- LICENCIEMENT : Plan d'ajustement social / Rationalisation des effectifs
-
MAGHREBIN : Jeune (ici, en dehors d'une forte valeur euphémisante, il y a une perte de la valeur sémantique) - MAIGRE : Filiforme
- MAIGRICHON(NE), RACHITIQUE, SQUELETIQUE, SAC D'OS : (extrêmement) svelte, filiforme
- MAISON DE CORRECTION : Structure close
- MAL DE TÊTE : Migraine / Céphalalgie
- MALADE : Patient / Consommateur de soins
- MANIFESTATION : Rendez-vous revendicatif
- MANIPULER : Motiver
- MARIAGE HOMO : mariage pour tous
- MASSAGES : Techniques manuelles
- MATERNELLE : Etablissement de cycle préscolaire
- MAUVAISE RÉPUTATION : Déficit d'image de marque
- MENSONGE : Vérité différée / contre-vérité / Désinformation
- MENSTRUATION : Irrégularités féminines
- MENTIR : Être dans le fictionnel
- MER : Espace marin
- MONGOL, MONGOLIEN, MONGOLITO : personne "différente"; trisomique
- MORGUE : Institut médico-légal
- MORT (n.f) : Disparition / Processus biologique terminal / La grande faucheuse ; la dame en noir ; la voyageuse de nuit ...
- MORT (n.m) : Personne avec un métabolisme divergent / Personne non-vivante
- MORT-NÉ : Né sans vie (périphrase, passe-passe langagier beaucoup plus politiquement correct)
- MORTS (en temps de guerre) : Dégâts collatéraux
- MOURIR : Disparaître / S’éteindre / S’en aller / Partir / Rendre le dernier soupir / Rendre l’âme / Partir pour le grand voyage / nous quitter; prendre congé de la vie; regagner le Ciel …
- MST : IST (remplacé par un autre sigle mais le terme « infection » du second, inquiète moins que le terme « maladie » du premier)
- MUSÉE : Pinacothèque / Espace de renouvellement perpétuel
-
NAIN : Personne de petite taille / personne à verticalité contrariée - NOËL : Fête de fin d'année
- NOIR : Personne de couleur / Black / Minorité visible
- NOM : Patronyme
- NUL : Non expert
-
OBÈSE : en surcharge pondérale - OBSÉDÉ : Obssessioné
- OPÉRATION (chirurgicale) : Intervention
- ORDURES : déchets ménagers
-
PÂQUES (vacances de) : Vacances de Printemps - PÈRE : Géniteur
- PARIGOT : (ami) parisien
- PARTOUZE : Relation à partenaires multiples / Relation non monogamique
- PASSAGE À TABAC : interrogatoire poussé
- PATOIS : Langue collatérale
- PAUVRES : Économiquement marginalisés / Défavorisés / Victimes de la fracture sociale / Personnes en situation de grande détresse / Personne en situation de précarité sociale et économique / Sinistrés sociaux
- PAUVRETÉ : Précarité
- PAVILLON DE CANCEREUX : Service oncologique
- PAYS SOUS DÉVELOPPÉ, PAYS PAUVRE : pays en voie de développement; pays émergent
- PEAU : Barrière cutanée
- PEUPLE : « Vrais gens » (expression très politiquement correcte pour désigner les gens de la France profonde)
- PEUREUX : Prudent
- PILULE (contraceptive) : Progestérone de synthèse
- PISCINE : Espace nautique
- PISSER, FAIRE PIPI : Faire une petite comission; Faire la vidange
- PLUIE : Ondée, précipitation
- PORNO, PORNOGRAPHIQUE : au contenu explicite
- PRÉRETRAITE : Cessation anticipée d’activité
- PRESSE À SCANDALE : Presse people
- PRISON : Centre de retenue / Univers pénitencier / Espace carcéral / Espace de privation de liberté
- PRISONNIER : Client du système carcéral / Citoyen détenu
- PROBLÈME : Souci / Dysfonctionnement
- PROPAGANDE : Campagne de sensibilisation
- PROSTITUÉE, PUTE : Travailleuse du sexe / Travailleuse sexuelle / "Masseuse"; Femme de peu de vertu
- PROSTITUER (se) : Exercer des activités prostitutionnelles; Se vendre
-
QUOTAS IMMIGRATOIRES : Immigration choisie -
RÉCESSION : Croissance négative - RÉPRESSION : Pacification (ici le politiquement correct donne quasiment dans l'antonymie)
- RÉSISTANCE : Résilience
- RÉSOUDRE : Solutionner
- RACE : Groupe populationnel ayant des caractères génétiques en commun
- RACISME : Haine de proximité / Discrimination
- RANÇON : Prime de sortie
- RATAGE : Contre-performance
- REDOUBLER (au sens scolaire) : Réussite différée / Être en classe de rattrapage
- RELATION SEXUELLE : Câlin / relation physique / Relation intime ... le politiquement correct n'a pas vraiment trouvé de mots pour expliquer cet acte incorrect
- RETARD ÉCONOMIQUE : Potentiel de croissance
- RETRAITE : Cessation anticipée d'activité
- REVUE PORNO : magazine de charme; magazine pour adultes; livre d'images très peu pieuses
- RICHES : Munis
- RIDES : Peau mature
-
SÉPARATION : Décohabitation - SALE : Hygiéniquement contestable / Impropre (pour la Novlangue)
- SAOUL, BOURRÉ : En état d'ébriété
- Sapin de Noël : Sapin de fêtes ; vacances de Noël : vacances d'hiver ; Joyeux Noël : Joyeuses Fêtes
- SENSIBILITÉ : Conditionnement émotif
- SIDA (avoir le virus du) : Être sidaïque (fin de l'expression en 1995) / sidéen / sidatique / Être malade du Sida / Être une personne touchée
- SIESTE (après un repas): Somnolence post-prindiale
- SOLITUDE : No man's land affectif / Exploration de soi
- SOURD : Mal-entendant / Personne présentant un déficit auditif / Personne acoustiquement contrariée
- SOUTENIR : Supporter
- (se) SUICIDER : En finir avec la vie
- SURVEILLANTS : Conseillers d'éducation
-
TERRORISTE : combattant pour la liberté - THÊATRE : Espace de représentation
- TIERS-MONDE : PVD / « Pays sous développé mais dont il ne faut surtout pas dire, politiquement correct exige, qu'il est sous développé »184(*)
- TORD-BOYEAUX : Eau-de-vie artisanale à fort degré d'alcool
- TORTURE : exercice du pouvoir de coercition
- TRAFIC DE DROGUES : Économie parallèle
- TROISIÈME CLASSE (pour le train) : Classe touriste
-
UNIFORME : Accessoire de carrière -
VANDALISME : Sentiment d'insécurité / Incivilité - VIEILLESSE : troisième âge
- VIEUX : Personne du 3e âge / Senior / Personne de l'âge d'or / Chronologiquement doué
- VILLAGE : Complexe rural
- VILLE : Conglomérat urbain
- VILLE DE PROVINCE : Métropole (provinciale)
- VIOLENT : Invalide de l'affectivité
- VIRÉ, FOUTU À LA PORTE, LICENCIÉ : mis en disponibilité;
- VIRER (se faire..., être ...) : Bénéficier d'un plan de reclassement
- VOISINAGE : Bassin de convivialité
- VOYEURISME : Pulsion scopique
- VUE (paysage) : Panorama
-
ZONARD : jeune de quartier
Métiers
AGENT IMMOBILIER : Ingénieur foncier
BALAYEUR : Technicien de surface, de conduite / Agent de propreté
BOULANGER : Employé en terminal de cuisson
CAISSIÈRE : Hôtesse de caisse
CHÔMEUR : Demandeur d’emploi / Personne en quête d’emploi / Personne en cessation d’activité / Offreur de service
COIFFEUR : Capilliculteur
CONCIERGE : Auxiliaire de gardiennage et de médiation
CONTRÔLEURS (de la SNCF notamment) : Agents commerciaux des trains
DJ, DEEJAY : Platiniste
ÉBOUEUR : Agent de traitement des déchets urbains et industriels
FACTEUR : Préposé à la distribution du courrier
FEMME DE MENAGE : Aide ménagère / Intervenante à domicile / Employée de surface / Technicienne de surface
FIGURANTS : Acteurs de complément
JARDINIER MUNICIPAL : Agent d'entretien de la nature / Agent vert / Animateur d'espaces verts
MAÎTRESSE : Institutrice / Professeure des écoles
OBSTÉTRICIEN : Médecin de naissance
OUVRIER : Collaborateur d’atelier
POLICIERS : Forces de l'ordre; Agents de la Paix
POMPIERS : Soldats du feu
SECRÉTAIRE : Assistante
SURVEILLANTS : Conseillers d’éducation
VIGNERON : Viticulteur / Oeniculteur
Texte n°1
C'était un homme de couleur, venu d'un pays en voie de développement comme demandeur d'emploi.
Il rêvait d'être technicien de surface bien qu'il soit de petite taille à forte surcharge pondérale.
Il fut rapidement sans domicile fixe, déjà qu'il était sans papiers.
Après plusieurs séjours dans des lieux de privation de liberté, il rencontra à sa sortie, une femme malentendante à mobilité réduite.
Elle avait été hôtesse de vente en grande surface, poste qu'elle avait obtenu en payant en nature juste avant que l'entreprise ne dégraisse.
Il l'emmena dans son pays et là-bas, en même temps que personne du troisième âge, il devint non voyant.
C'est à cette époque que les forces de sécurité lancèrent des frappes chirurgicales.
La balle perdue qui le frappa fut considérée comme un dégât collatéral. Il avait vécu !
Sa femme mourut quelques années plus tard des suites d'une longue maladie.
Texte n°2
Le jardinier a disparu, il a été remplacé par l’animateur d’espaces verts.
Le balayeur est devenu technicien de surface,
La caissière de grande surface est une « hôtesse de caisse », l’éboueur est un ingénieur sanitaire.
Mais si les dénominations ont changées, le salaire, lui, n’a pas bougé.
Il n’y a plus de guerres : celle d’Algérie était qualifiée « évènements », et aujourd’hui on évoque des « opérations militaires », « opérations de nettoyage »….
Il n’y a plus de bombardements, il n’y a que « des frappes chirurgicales ». Ce qui ne change pas le nombre de morts.
Il n’y a d’ailleurs plus de morts, il y a seulement des « effets collatéraux ».
L’aveugle est un non voyant, le sourd est devenu un déficient auditif, l’homosexuel est devenu gay, l’handicapé est une personne à mobilité réduite, le vieux est devenu un sénior, le clochard n’est plus qu’un sdf, mais sa misère n’a pas changé.
L’obésité est devenue surcharge pondérale.
En matière de finances, il n’y a plus d’argent planqué en Suisse, ou ailleurs, il y a seulement des « exilés fiscaux ».
Les riches, sont seulement des « personnes financièrement à l’aise ».
Il n’y a plus de pays pauvres, ils sont seulement « en voie de développement ».
En matière de politique, il n’y a plus de promesses non tenues, il y a seulement des difficultés de réalisation.
Il n’y a plus de dictateurs, ils refusent seulement le partage du pouvoir.
Il n’y a plus d’insultes, il y a seulement de regrettables dérapages, et les injures ont été remplacées par des noms d’oiseaux.
En matière sociale, il n’y a plus de prostitué/es, il a des travailleurs/euses du sexe, il n’y a plus de misère, il a seulement des « exclus de la vie », il n’y a plus de « chômeurs », ils sont des « demandeurs d’emplois », ou en disponibilité d’emploi, ils n’en ont pas de travail pour autant.
Il n’y a plus de racisme, il y a un patriotisme exacerbé, et les Roms ne sont pas stigmatisés, ils sont seulement reconduits à la frontière.
Et lorsque on veut construire la phrase : « il faut toujours savoir où est le ballon », il faudra dire bientôt « il faut toujours garder en cohérence le système de coordonnées personnelles avec le référentiel bondissant ».
- Exemple donné par Claude Allègre, dans son livre « Toute vérité est bonne à dire ».
Texte n°3 : "Tous gentils ! " (Antoine Grangeac)
Évitons de prononcer les mots qui fâchent.
N’offensons personne, surtout si cette personne souffre d’un handicap ou qu’elle n’est pas comme nous :
trop petite (trop grand, c’est moins grave),
trop grosse (pardon, trop forte), non plus, dire en surpoids,
trop maigre (non, là il n’y a pas de problème, c’est la taille mannequin qui se donne comme canon de beauté),
trop noire (on dira de couleur ou à la rigueur « black » ou Africain),
Arabe, c’est-à-dire, Maghrébin, « beur » ou enfant de la deuxième génération ou encore, Nord-Africain.
Évitons aussi de choquer ou d’effrayer en décrivant une réalité trop crue, trop désagréable ou trop cruelle :
« Cachez ce sein que je ne saurais voir !».
Ainsi nous n’accablerons pas l’aveugle qui n’est qu’un non-voyant, le sourd, un malentendant, le pauvre qui est une personne en situation de précarité qui, demain peut-être, deviendra non pas un clochard – quel vilain mot !- mais un citoyen en rupture sociale.
Valorisons également certaines tâches et certains métiers, un pilote de ligne restant un pilote de ligne et un chirurgien un chirurgien quand le médecin généraliste, lui, se voit gratifié du titre d’interne en médecine générale, l’instituteur de celui de professeur des écoles, quand le facteur d’antan est un préposé à la distribution du courrier, le balayeur un technicien de surface, l’éboueur un agent de traitement des déchets, la femme de ménage une intervenante à domicile et la caissière de supermarché une hôtesse de caisse.
- Source : http://antoinegrangeac.wordpress.com/2014/05/23/tous-gentils
Texte n°4 : "Tous gentils ! " (Antoine Grangeac)
La violence des mots, ah la violence des mots ! Les mots sont des révolvers, prévenait Jean-Paul Sartre.
Alors prenons des gants, faisons attention. N’insultons personne.
Précisément, le mot insulte doit être évité. Trop direct. Dire « atteinte à la dignité ».
- « Vos propos, jeune homme, sont une atteinte à ma dignité.»
– « Bouffon !» répondra l’autre en éclatant de rire.
Bombardement. Quelle horreur ! Non, dites : frappe chirurgicale ou frappe ciblée.
Une faillite est trop affreuse et on lui préférera la cessation de payement.
N’insultons pas quelqu’un en le traitant d’ignorant alors que celui-ci, même s’il l’ignore, est un « non-encore sachant ». Si, si : en état de non-encore savoir.
Pareillement ne dites pas de quelqu’un qu’il est laid parce qu’il est, en réalité, physiquement atypique. Sans mentir !
Pardon, sans être dans le fictionnel. Mais le plus affreux des mots, celui qui fout la trouille à tout le monde, c’est assurément le mot mort, un mot imprononçable qui, en temps de guerre, est un dégât collatéral et sinon, un processus biologique terminal – ça, fallait y penser quand même ! – un processus, donc, qui peut être la conséquence d’un cancer (une longue maladie) ou d’un suicide (un acte désespéré qui est aussi un accident-grave-voyageur pour la RATP).
De même, il convient de ne pas heurter la sensibilité religieuse de nos concitoyens et Noël s’appelle désormais fête de fin d’année et son sapin qui n’est plus celui de Noël devient sapin de fête ;
oublions Pâques également, dont les ex-vacances de Pâques ne sont plus que celles de printemps ;
quant à l’église, elle n’est qu’une entité paroissiale ou un espace de culte, une désignation plus neutre, plus générique, qui la confond avec la synagogue et la mosquée.
Amusons-nous à traduire un récit tout simple et bien banal et voyons ce que cela donne :
Ce matin-là, comme tous les matins, je me désolais à contempler dans la glace les cratères laissés sur mon visage par une acné juvénile ravageuse qui avait pourri toute mon adolescence.
Ces cratères qui m’ont toujours complexé sont peut-être à l’origine de mon divorce. Allez savoir.
Version "politiquement correcte" :
Ce matin-là, comme tous les matins, je me désolais à contempler dans la glace les cratères laissés sur mon visage par une peau à problème qui m’avait suivi tout le temps où j’étais un adulte en émergence.
Ces cratères qui m’ont toujours mis mal avec moi-même sont peut-être à l’origine de mon démariage. Allez savoir.
Après m’être rasé non sans m’entailler, bien sûr- toujours ces putains de séquelles-, j’amenais ma fille à l’école où elle était élève depuis le CP. C’était ma semaine.
J’en profiterai pour dire deux mots à sa maîtresse. Je devais lui parler du dernier bulletin scolaire qui n’était pas fameux et qui me faisait craindre un redoublement ;
il me fallait aussi régler la cantine du mois.
Elle s’appelait Véronique et j’estimais qu’elle avait bien du mérite à devoir gérer deux handicapés qui lui avaient été confié, l’un infirme moteur, victime d’un accident, l’autre autiste.
Version "politiquement correcte" :
Après m’être rasé, non sans m’entailler, bien sûr – toujours ces désopilantes séquelles-, j’amenais ma fille à l’école où elle était apprenante depuis le CP. C’était ma semaine.
J’en profiterai pour dire deux mots à sa professeure des écoles. Je devais lui parler du dernier livret de compétences qui était très moyen et qui me faisait craindre une réussite différée ;
il me fallait aussi régler la facture mensuelle de l’unité de production culinaire.
Elle s’appelait Véronique et j’estimais qu’elle avait bien du mérite à devoir gérer deux enfants en situation de handicap, l’un confronté à un challenge physique après un accident, l’autre n’ayant pas les pré-requis cognitifs.
Après, je me rendrai au pôle emploi. Un malheur n’arrivant jamais seul, j’étais au chômage. Licencié.
Pour un cadre, passé 50 ans, chercher du travail est une gageure !
Trop vieux, trop cher. Place aux jeunes. Exclu.
Mieux vaut ne pas être trop dépressif.
Version "politiquement correcte" :
Après, je me rendrai au pôle emploi. Un malheur n’arrivant jamais seul, j’étais offreur de service.
Rationalisation des effectifs. Pour un cadre sénior confirmé, s’inscrire dans une perspective professionnalisante est un défi.
Le début de l’âge d’or a son coût. Place aux jeunes. Sous-privilégié.
Mieux vaut ne pas être à la périphérie de soi-même.
En quittant l’école, je passai devant l’église et son petit cimetière, contournai la mairie et son jardin magnifiquement entretenu grâce à une escouade de jardiniers municipaux, laissai de côté la gendarmerie et la bibliothèque avant d’entrer chez René, le bistrot où j’avais mes habitudes.
Mon café pris –rapidement car je ne goûte pas spécialement la présence des alcooliques notoires qui viennent prendre leur pousse-café – je me mis en route pour retrouver pour la énième fois mon conseiller emploi qui me dirait une fois de plus qu’il n’a rien pour moi et de faire des recherches sur Internet.
Impuissance des services publics ! Lui avait eu de la chance, il avait mon âge, et après avoir été longtemps au chômage, il avait fini par décrocher ce job à l’ANPE grâce à son handicap ; souffrant de nanisme, il entrait dans la catégorie des personnels rentables :
celle de ceux qui permet aux entreprises de respecter les quotas sous peine de sanction. C’est à rêver de passer sous un tracteur. Drôle de monde !
Version "politiquement correcte" :
En quittant l’école, je passai devant l’entité paroissiale et son petit champ de repos, contournai la maison commune et son espace arboré, magnifiquement entretenu grâce à une escouade d’agents d’entretien de la nature, laissai de côté la gendarmerie et l’espace d’études avant d’entrer chez René, le lieu de convivialité où j’avais mes habitudes.
Mon café pris –rapidement car je ne goûte pas spécialement la présence des personnes à sobriété différée qui viennent prendre leur pousse-café – je me mis en route pour retrouver pour la énième fois mon conseiller emploi qui me dirait une fois de plus qu’il n’a rien pour moi et de faire des recherches sur Internet.
Impouvoir des services publics ! Lui avait eu de la chance, il avait mon âge, et après avoir été longtemps en recherche d’emploi, il avait fini par décrocher ce job à l’ANPE grâce à son handicap ; étant une personne à verticalité contrariée, il entrait dans la catégorie des personnels rentables :
celle de ceux qui permet aux entreprises de respecter les quotas sous peine de sanction. C’est à rêver de passer sous un tracteur. Drôle de monde !
L’entretien fut bref et je pus me rendre chez le coiffeur.
Là, attendant mon tour, je pris le temps de lire la presse hebdomadaire mise à ma disposition.
Les faits divers occupaient une bonne partie des articles.
Ce n’était que vandalisme, cambriolages et violences physiques.
Méfaits des concentrations urbaines et de l’inactivité nous disait-on.
Ici, un voyou de banlieue, particulièrement violent, escroc notoire, multirécidiviste, racontait son parcours qui l’avait mené de l’échec scolaire à la maison de correction avant que les trafics en tous genres le conduisent du commissariat à la prison d’où, prisonnier modèle, il ressortait rapidement avant d’y retourner.
Le complaisant récit d’un zonard. Défaite du processus d’intégration.
Par chance, me disais-je, j’habite un charmant village loin des villes et de leurs banlieues.
Ce soir, après être passé chez Jean-Paul, mon boucher, j’irai au théâtre à la ville voisine. Ça me détendra.
Version "politiquement correcte" :
L’entretien fut bref et je pus me rendre chez le capilliculteur.
Là, attendant mon tour, je pris le temps de lire la presse hebdomadaire mise à ma disposition.
Les faits divers occupaient une bonne partie des articles.
Ce n’était qu’incivilité, délinquance de proximité et violences physiques.
Méfaits des concentrations urbaines et de l’inactivité nous disait-on.
Ici, un jeune des cités, invalide de l’affectivité, éthiquement déboussolé, défavorablement connu des services de police, racontait son parcours qui l’avait mené d’une réussite scolaire différée à la structure close avant que les trafics en tous genres le conduisent du commissariat au centre de retenue d’où, citoyen détenu modèle, il ressortait rapidement avant d’y retourner.
Le complaisant récit d’un jeune des quartiers. Non victoire du processus d’intégration.
Par chance, me disais-je, j’habite un charmant complexe rural loin des conglomérats urbains et de leurs quartiers sensibles.
Ce soir, après être passé chez Jean-Paul, mon préparateur en produits carnés, j’irai à l’espace de représentation de la métropole provinciale voisine. Ça me détendra.
Liens internet
- "Mots pour mots" : http://axel21.over-blog.com/article-34323845.html
- Dictionnaire du politiquement correct pour les Nuls : https://bizarrex.wordpress.com/2012/07/08/dictionnaire-du-politiquement-correct-pour-les-nuls/
- Julie Masmejean, De la manœuvre des mœurs et du silence des mots dans le lexique français.
Itinéraire d’une bienséance langagière inédite : le Politiquement Correct, entre splendeur et trahison, Université de Cergy Pontoise, 2006.
http://www.freelang.com/publications/memoires/julie_masmejean/Le_politiquement_correct.htm