Écoutez, récemment je reçois un coup de téléphone curieux. Déjà la sonnerie, elle était pas comme d'habitude...
Je décroche : - Allo, qui est à l'appareil ?
J'entends une voix de femme qui dit : - C'est Jeanne.
- Qui qui ?
Elle dit : - La Pucelle.
- Je connaissais pas de pucelle... Je vous demanderai de préciser.
Elle me dit : - Jeanne d'Arc.
- Mais, c'est une plaisanterie ???
Elle dit : - Non, c'est très sérieux, je voudrais vous parler.
Je dis : - Je vous écoute, Jeanne...
Elle dit : - Pas au téléphone, on pourrait nous entendre...
Je dis : - Où ?
Elle dit : - Dans le jardin...
Je raccroche et je vais dans le jardin.
J'entends : - Raymond !
Je dis : - Où êtes vous ?
Elle me dit : - Je suis là-haut.
Je dis : - Ah oui, je vous vois comme une petite flamme.
Elle dit : - C'est tout ce qu'il me reste.
Elle dit : - Raymond, vous allez aller à l'Élysée...
- Oui, Jeanne.
- Vous allez voir le Président de la République...
- Comment le reconnaîtrais-je ?
- Mais, il est dans le Bebette Show... c'est lui qui fait Dieu.
Elle me dit : - Vous allez dire au Président de la République que, son histoire du tunnel sous la Manche,
moi, Jeanne d'Arc, je considère ça comme une offense personnelle : c'est pas la peine de les avoir rejeter par au-dessus, pour les faire rentrer par en dessous !
- Oui. C'est tout, Jeanne ?
Elle dit : - C'est tout !
Ça n'a l'air de rien, mais... allez, allez, allez, frappez à la porte de l'Élysée !
Allez, dis au Président de la République : - Je viens de la part de Jeanne d'Arc...
Il va dire : - Il est dérangé... ?
Pas du tout !
Il me dit : - Comment va-t-elle ?
Je dis : - Elle va bien, Monsieur le Président. Ah - un peu éteinte.
Je dis : - Écoutez, Monsieur le Président, elle m'a chargé de vous dire une chose...
Il dit : - Je sais, je sais, le tunnel sous la Manche...
Je dis : - Comment, vous êtes au courant ?
Il dit : - Oui, vous répondrez à Jeanne d'Arc que les ordres je les reçois directement d'en haut...
- C'est le téléphone... Excusez-moi. Deux minutes...
(au téléphone) : - Allo ?
C'est Jeanne.....
(c) Raymond Devos