(L'artiste, s'adressant à son pianiste:) Ne discutez plus, hein !... Parce que... vraiment...
(s'adressant au public:) Ecoutez, l'autre jour, je taillais un morceau de bois...
Mon pianiste vient, il me dit:
- Voulez-vous me passer ce bout de bois, s'il vous plaît ?
- Lequel des deux bouts ?
- Quels deux bouts ? Je ne vois qu'un bout de bois.
- Parce que vous vous exprimez mal ! Parce qu'un bois, ça a deux bouts.
Alors il ne faudrait pas dire "un bout de bois", mais "les deux bouts d'un bois" !
- Les "deux bouts d'un bois"... D'abord, ça sonne curieux ! On entends "les deux boudins", on ne sait pas s'il s'agit de bouts de bois ou de bouts de boudins !
- Ne plaisantons pas ! S'il s'agissait de bouts de boudin, on dirait "les deux bouts d'un boudin" ! On ne dirait pas "les deux bouts d'un bois"
- J'ai toujours appelé un bout de bois un bout de bois, moi ! Alors passez-moi ce bout de bois.
Il prend le bout, tire dessus et me dit:
- Lâchez l'autre bout !
- Vous voyez bien qu'il y a deux bouts !
- Bon, puisqu'il y a deux bouts, gardez ce bout-ci ! Moi, je garde ce bout-là ! Ca nous fera chacun un bout !
- Non, ça nous fait encore chacun deux bouts !
(c) Raymond Devos.