Anne Roumanoff : Le coq, le pigeon et la brebis.
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Fable politique inspirée des "Fables de Jean De La Fontaine" :


Version 2015 :

Un petit coq prénommé Nicolas sur une basse-cour régnait,
Mais beaucoup d'animaux voraces
Rêvaient pourtant de prendre sa place.

À gauche, la vache Martine et la pintade Ségolene
Crurent un temps pouvoir devenir reine,
Mais ce fut le pigeon François qui leur fit la nique,
Aidé malgré lui par le cochon Dominique
Qui manqua d'aller à l'abattoir
Pour avoir culbuté une grande poule noire.

Dans le grenier du poulailler,
Le vieux coq Jacquot vivait.

On voulait lui faire un procès
Pour des histoires de sacs de blé
Qui remontaient à un temps
Où les poules avaient des dents.

Mais le coq Jacquot, soutenu par la belette Bernadette,
Prétendait qu'il avait tout oublié.
Pourtant, quand passait une jolie poulette,
Le coq Jacquot retrouvait toute sa tête.

Il y avait aussi Mélenchon, le bouledogue grognon
Qui aboyait fort et mordait pour de bon,
Et Eva la taupe à lunettes,
Qui était biodégradable, pas du tout refaite.

Le pigeon François, qui était maladroit,
Collectionna les bourdes tout en prenant du poids.

Aidé d'abord par le lapin Ayrault, puis par Valls le taureau,
Il planta des graines mais le blé faisait défaut,
La récolte fut mauvaise,
Alors il se consola grâce à la baise.

Le pigeon voyageur roucoulait la nuit
Avec une tourterelle prénommée Julie.
Les canards indiscrets révélèrent le secret:
"Le pigeon mou et rond était un étalon".

Sa compagne officielle, la poule Valérie,
Jura pour se venger de faire de l'animal un pigeonneau rôti.
Dans la cour de la ferme, les animaux pleuraient :
"Nous sommes tous plumés, on s'est fait pigeonner.
Avec le coq Nicolas, nous étions dans le pétrin,
Avec le pigeon François, nous sommes dans le purin !".

Le coq Nicolas avait bien des tracas : des juges rapaces
Avaient pris le coq en chasse.
Dans la basse-cour, les animaux disaient :
"Le coq est carbonisé, c'est un poulet grillé !".

Son propre poulailler regorgeait d'ennemis :
Fillon le sombre hibou aux sourcils fournis,
Le Maire, le caneton encore plein d'illusions,
Et Juppé le héron s'y voyait pour de bon.

Le coq Nicolas hérissa alors sa crête :
"Je veux de ce poulailler reprendre la tête.

Je suis l'animal parfait
Pour nettoyer tout ce merdier,
Car comme tous les gallinacés,
Je sais chanter les deux pieds dans le fumier !".

Celle qui se réjouissait des déboires du pigeon François et du tracas du coq Nicolas
Était la fille d'un loup borgne qui avait échoué à devenir roi.
Cette louve à la chevelure blonde
Se faisait passer pour une brebis aux yeux du monde.

Elle répétait comme une litanie :
"Il faut renvoyer chez eux les animaux étrangers,
Sans eux, nous serions tellement plus heureux".
Certains moutons l'écoutait béats :
- "Bêêê. Bêêê.
Elle dit tout haut ce que nous pensons tout bas.
Bêêê".

Une louve ne saurait se muer durablement en brebis.
Tôt ou tard, le pelage blanc sur le sol glissera,
Les belles manières, le charme, la douceur, tout disparaîtra,
Et dans sa violence la vraie nature du prédateur apparaîtra.

Moralité :
Deux ans et demi après les élections,
Nul ne sait encore qui de cette farce sera le dindon.

Version 2012 :

Un renard prénommé Nicolas sur une basse-cour régnait.
Mais il était contesté :
« Il ne fait pas rentrer assez de blé.
Nous n’avons plus de grains à picorer »,
Se lamentaient les animaux affamés.
« Je fais de mon mieux », répondait Nicolas.
Sans moi, ça serait pire, croyez-moi.
Il y a une énorme crise mondiale.
Ne l’oubliez pas, c’est infernal. »

Beaucoup d’animaux voraces
Rêvaient pourtant de prendre sa place.

À gauche, la vache Martine et la pintade Ségolène
Crurent, un temps, pouvoir devenir reines.
Mais ce fut le pigeon François qui leur fit la nique.
Aidé, malgré lui, par le cochon Dominique,
Qui manqua d’aller à l’abattoir,
Pour avoir culbuté une grande poule noire.

Mais la pire ennemie du roi Nicolas et du pigeon François
Était la fille d’un loup borgne qui avait échoué à devenir roi.
Cette louve à la voix rauque et à la chevelure blonde
Se faisait passer pour une brebis aux yeux du monde.
Elle répétait comme une litanie :
«Il faut plus de poulets pour renvoyer chez eux les animaux étrangers,
Sans eux, nous serions tellement plus heureux.»

Certains moutons l’écoutaient béats :
«Bêê, elle dit tout haut ce que nous pensons tout bas.»

Le pigeon François, le roi Nicolas,
L’ours Mélenchon et la taupe Eva
Faisaient de leur mieux pour éradiquer la terrible maladie
Répandue par la louve déguisée en brebis
Qui avait pour nom haine et démagogie.

Hélas ! A six mois des élections,
Personne ne sait encore pour de bon
Qui de la farce sera le dindon.


Personalités citées (politiciens, etc) :
Nicolas Sarkozy (le jeune coq (le renard dans la version 2012), ancien président, membre de l'UMP),
François Hollande (le pigeon, président, membre du Parti Socialiste (PS)),
Dominique Strauss-Kahn (DSK) (le cochon, du PS),
Martine Aubry (la vache, du PS),
Ségolène Royal (la pintade, du PS et ancienne concubine de de François Hollande),
Le couple Jacques Chirac (le vieux coq, ancien président, ancien membre du RPR puis de l'UMP) et Bernadette Chirac (la belette),
Valérie Trierweiler (la poule, journaliste, ancienne concubine de de François Hollande),
Julie Gayet (la tourterelle, comédienne, liaison de François Hollande),
François Fillon (le hibou, de l'UMP),
Bruno Le Maire (le caneton, de l'UMP),
Alain Jupé (le héron, de l'UMP, maire de Bordeaux),
Jean-Luc Mélenchon (le bouledogue (l'ours dans la version 2012), du Font de Gauche (extrème gauche)),
Eva Joly (la taupe),
Jean-Marc Ayrault (le lapin, du PS, ancien premier ministre),
Manuel Valls (le taureau, du PS, premier ministre),
Jean-Marie Le Pen (le loup, du Front National (FN)),
Marine Le Pen (la louve qui se fait passer pour une brebis, FN)

-- (C) Anne Roumanoff.

Version 2015 = Sketch joué dans l'émission de Michel Drucker, "Vivement dimanche prochain !" sur France 2.