Poèmes à l'imparfait du subjonctif
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[ Épître amoureuse d’un puriste ] [ Romance subjonctive ] [ L'amour au passé défini ]

Épître amoureuse d’un puriste (ou "Complainte amoureuse")

Oui, dès l’instant où je vous vis,
Beauté farouche, vous me plûtes;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ, vous aperçûtes.
Mais de quel air froid vous reçûtes,
Tous les soins que je vous offris!
Combien de soupirs je rendis?
De quelle cruauté vous fûtes?
Et quel profond dédain vous eûtes
Des gros tourments que je souffris!
En vain je priai, je gémis.
Dans votre dureté vous sûtes,
Mépriser tout ce que je fis;
Mais un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid voir ce que j’y mis.
Ah fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez
Qu’ingénument je vous le dise,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez;
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
Qu’à vos pieds je me prosternasse
Pour que vous m’assassinassiez !

Ce poème est attribué à tort à Alphonse Allais, sous le titre :
"Épître amoureuse d’un puriste, complainte amoureuse adressée à la danseuse Jane Avril."
On le trouve plus couramment intitulé plus simplement "Complainte amoureuse".
Il a également été attribué à H. Gautier-Villars ("Déclaration d’un grammairien à sa mie"), à Courteline, etc.
Mais il est plus ancien que cela car il avait déjà été publié avant 1875 dans le Journal de Genève sous le titre :
« Épître amoureuse d’un puriste ».

Romance subjonctive

{Parlé:}
    J'eus jadis une folle maîtresse très forte sur les subjonctifs.
    Comme le sort voulût que nos amours se brisassent,
    Il fallait que je composasse cette romance
    Pour que mes larmes se séchassent et que mes sanglots s'étouffassent.

    Avant que je ne commençasse,
    Je demanderais que vous écoutassiez cette complainte
    Qui est la plus triste de toutes celles que vous ouîtes.

De mes caresses vous rougîtes,
Puis ensuite vous les subîtes
Pourquoi faut-il que d'notr' passion
À présent nous ricanassions ?

Tout d'abord vous m'idolâtrâtes,
Puis avec un autr' vous m'trompâtes
J' n'aurais pas cru que vous l'pussiez.
Et qu'mon rival vous l'aimassiez.

{Refrain:}
    Amer, amer destin du cœur
    Femme légère que vous fûtes
    Vous fîtes hélas pour mon malheur
    Toutes les peines que vous pûtes.

Il fallait que j'vous écrivisse,
Ou que chaque jour je vous visse
Pour que vous me soupirassiez
Les mots dont vous m'baptisassiez.

Fallait que je m'agenouillasse
Sans que jamais je reculasse,
Pour que nous nous adorassions
Et puis qu'nous nous dégoûtassions,
Et puis que nous nous plaquassions.

{Refrain:}
    Amer, amer destin du cœur
    Dans l'amour que vous suscitâtes
    Vous fîtes germer la douleur
    Et ce jour-là, vous m'épatâtes !

Sans que jamais je marchandasse
Il fallait que je roucoulasse
Les vœux que vous incarnassiez
Et que vous accumulassiez.

En échange d'vos ch'veux qu'vous m'offrîtes,
C'est avec joie que vous me prîtes
Les mèches que vous désirassiez
Car j'voulus bien que vous m'éméchiez.

{Refrain:}
    Amer, amer destin du cœur
    Quand un beau jour nous constatâmes
    Qu'nos ch'veux lâchaient nos crânes vainqueurs,
    Dès lors nous nous déplumardâmes

Vous n'm'aimiez plus, fallait que j'eusse
Bien des forces pour que je pusse
Prendre mon cœur sans qu'vous l'retinssiez
Pour ne pas qu'vous l'abîmassiez.

Combien de cruautés vous eûtes
Que de noirs projets vous conçûtes
Pour que vous m'ensorcelassiez
Et que vous me poignardassiez.

{Refrain:}
    Amer, amer destin hélas
    Il fallait que j' vous oubliasse
    Car votre nom, trop m'écervelât
    Pour que jamais vous l'répétasse.

Paroles: P. Briolet, L. Lelièvre. Musique: G. Maquis 1905
Interprètes : Dranem, ...

L’amour au passé défini

C’est sur la place de la Mad’leine
Que nous nous connûmes un beau soir
Vous aviez une allure hautaine
Et moi j’avais des souliers noirs.

Vous traversâtes,
Vous vous r’tournâtes,
M’examinâtes
Un soir, un soir...

Vous m’attendîtes,
Vous me sourîtes
Et vous blêmîtes
Un soir, un soir...

Comme je n’vous parlais pas, vous n’répondîtes rien
Mais l’aveu de mon coeur vous l’devinâtes bien
Et vous le crûtes
Lorsque vous sûtes
Car vous vous tûtes
Un soir, un soir...

Nous prîmes le porto en silence
Vous grignotâtes quelques anchois
Puis ensuite sans trop d’résistance
Vous m’accompagnâtes chez moi

Vous vous assîtes
Vous éteignîtes
Vous m’étreignîtes
Un soir, un soir...

Vous m’énervâtes,
Vous m’affolâtes,
Vous m’épatâtes
Un soir, un soir...

Vous frôlâtes mes lèvres en m’appelant mon rat
Vous fermâtes les yeux et soudain dans vos bras
Vous me reçûtes
Et puis vous m’eûtes
Tant que vous pûtes
Un soir, un soir...

Hélas les amours sont fragiles
Je le reconnais maintenant
Bientôt je rompis notre idylle
Et je vous trompai lâchement

Vous m’soupçonnâtes
Vous m’épiâtes
Vous me pistâtes
Un soir, un soir...

Puis vous surgîtes
Vous me surprîtes
Et vous m’haïtes
Un soir, un soir...

Vous me traitâtes à tort de menteuse et d’indigne
Et de votre gousset sortîtes un Browning
Vous vous visâtes
Vous vous ratâtes
Et vous caltâtes
Un soir, un soir...

Paroles de Géo Koger, musique de Vincent Scotto et Gaston Gabaroch