Albert Dupontel : La plaidoirie
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Mesdames, Messieurs les jurés. Monsieur le procureur.
Mon client comparait aujourd'hui devant la 2ème chambre d'accusation pour viol.
Quoi de plus normal qu'une chambre pour un viol... On va pas dramatiser, c'est fait c'est fait !
Quelle est la définition du viol ?
Si on en croit le Petit Robert, encore qu'à son âge, que peut il connaître du viol... tsss...
- Bon alors si vous êtes venus pour faire la gueule, faut le dire tout de suite !
... c'est : "l'utilisation de moyen violent pour un rapport sexuel".
Si on en croit la rumeur populaire, oh combien plus juste... c'est : "quand femme pas vouloir quequette" !
Alors je pose la question : dans cette affaire où est la femme ? Il n'y a pas de femme !
Il y a juste deux adolescents de 40 et 15 ans.
Attirés l'un par l'autre ; Peut être plus l'un que l'autre... c'est vrai, mais pas de femme.
La victime et l'accusé sont du même sexe ! Le tien est plus gros ? Oh quel horreur !
 - A l'accusé : Arrête de faire de l'esprit. C'est pas gagné encore... t'es pas encore acquitté ; Ils sont très beaux tes dessins, je les verrai après.
La victime et l'accusé sont du même sexe, disais-je.
Alors de quel procès s'agit t'il ? De celui de l'amour des hommes par d'autres hommes ?
Mais enfin qui sommes nous pour tourner le dos aux homosexuels , des inconscients ou quoi !
Remontons à l'antiquité, époque fertile en amour stérile et citons Caton le vieux :
" Moi homosexualitus estos comos planche à voilous " -
"L'homosexualité c'est comme la planche à voile, il suffit de s'y mettre". Ola !!! Quel génie !!!
Alors, certes, l'homosexualité n'est pas obligatoire; A l'accusé : non, non.
Est ce une bonne chose ? La question n'est pas là...
Toujours est il que mon client n'a même pas obligé la victime et ça c'est très vrai.
Alors que c'est il passé entre les deux enfants ? Quel jeu anodin les a amené l'un vers l'autre ?
Cache, cache ? Colin-Maillard ? la marelle, le skate-board , ou plus probablement saute-mouton ?
Le fait que la victime s'appelle Vouton et que mon client est un peu dur d' oreille n'est certainement pas étranger à l'affaire.
Saute-mouton, saute-Vouton, saute qui ça ? Et hop il a sauté Vouton !!!
Qu'est ce qu'il y a, j'ai pas le droit ? Qu'est ce qui se passe j'ai un gage ? Vous énervez pas...

Passons au deuxième chef d'accusation : meurtre.
Mon client n'est pas un mauvais gars mais il aime tuer. Alors d'où lui vient ce hobbie ?
Penchons nous sur son passé et que voyons nous ? Nous voyons un métier !
Qui a dit que mon client était un crétin, un analphabète, un alcoolique, un syphilitique ?
Mais pas du tout mon client est un militaire ! Et de carrière !
Alors son métier c'est la mort. Et la mort elle est obligatoire.
Est ce une bonne chose ? La question n'est pas là...
Toujours est il que sans la mort la vie serait longue ; et est ce qu'on s'ennuierait pas un peu ?
A la naissance on se dirait : c'est ça la vie ? Mais non y'a la mort. Ah quand même...
Il fait signe de mettre la musique triste. Il s'excuse... Il a pas fait exprès...
Je suis sûr qu'il regrette déjà ! A l'accusé : Si.
Allez on l'acquitte ! On l'acquitte ! Si vous le faîtes pas pour lui faîte le pour moi !
Comme l'instituteur qui met un mauvaise note pour dire : t'as pas bien travaillé bonhomme !
Comme la contractuelle qui met un PV pour dire : tu t'es pas bien garé bonhomme !
L'assassin vous tue pour vous dire : t'étais pas éternel bonhomme !
Hein ? Moi ? Il y a eu de la musique ? Ah, j'ai pas entendu !
J'ai pas le droit ? J'ai été prévenu ce matin alors je tente des trucs...
Oui, oui je débute, oui oui... Ah il faut le BEPS ? Ah ben je vais aller le passer alors...
Et là j'ai fait combien ? J'ai fait perpette ? Oh, on peut dire que j'ai raté la plaidoirie... tsss...
(Il montre son pouce baissé à son client. ) On se téléphone pour le chèque !
Allez, sans rancune vieux !!