Mesdames, Messieurs les jurés.
Monsieur le procureur.
Mon client comparait
aujourd'hui devant la 2ème chambre d'accusation pour
viol.
Quoi de plus normal qu'une chambre pour un viol...
On va pas dramatiser, c'est fait c'est fait !
Quelle est la définition du viol ?
Si on en croit le Petit Robert, encore
qu'à son âge, que peut il connaître du viol... tsss...
- Bon
alors si vous êtes venus pour faire la gueule, faut le dire tout
de suite !
... c'est : "l'utilisation de moyen violent pour un
rapport sexuel".
Si on en croit la rumeur populaire, oh combien plus
juste... c'est : "quand femme pas vouloir quequette" !
Alors je pose
la question :
dans cette affaire où est la femme ?
Il n'y a pas
de femme !
Il y a juste deux adolescents de 40 et 15 ans.
Attirés
l'un par l'autre ; Peut être plus l'un que
l'autre... c'est vrai, mais pas de femme.
La victime
et l'accusé sont du même sexe !
Le tien est plus
gros ?
Oh quel horreur !
- A l'accusé : Arrête de faire de l'esprit.
C'est
pas gagné encore... t'es pas encore acquitté ;
Ils sont très beaux tes dessins, je les verrai après.
La victime et l'accusé sont du même sexe, disais-je.
Alors de quel procès s'agit t'il ?
De celui de l'amour
des hommes par d'autres hommes ?
Mais enfin qui sommes nous pour
tourner le dos aux homosexuels , des inconscients ou quoi !
Remontons à l'antiquité, époque fertile en amour
stérile et citons Caton le vieux :
" Moi homosexualitus
estos comos planche à voilous " -
"L'homosexualité c'est
comme la planche à voile,
il suffit de s'y mettre".
Ola !!! Quel génie !!!
Alors,
certes, l'homosexualité n'est pas obligatoire;
A l'accusé : non, non.
Est ce une bonne chose ? La question n'est pas là...
Toujours
est il que mon client n'a même pas obligé la
victime et ça c'est très vrai.
Alors que c'est
il passé entre les deux enfants ?
Quel
jeu anodin les a amené l'un vers l'autre ?
Cache, cache ?
Colin-Maillard ?
la marelle, le skate-board , ou plus probablement
saute-mouton ?
Le fait que la victime s'appelle Vouton et
que mon client est un peu dur d' oreille n'est certainement
pas étranger à l'affaire.
Saute-mouton, saute-Vouton, saute qui ça ?
Et hop il a sauté Vouton !!!
Qu'est ce qu'il y
a, j'ai pas le droit ?
Qu'est
ce qui se passe j'ai un gage ? Vous énervez pas...
Passons au deuxième chef d'accusation : meurtre.
Mon client
n'est pas un mauvais gars mais il aime tuer.
Alors d'où lui
vient ce hobbie ?
Penchons nous sur son passé et que voyons
nous ?
Nous voyons un métier !
Qui a dit que mon client était
un crétin,
un analphabète, un alcoolique, un syphilitique ?
Mais pas du
tout mon client est un militaire !
Et de carrière !
Alors son
métier c'est la mort.
Et la mort elle est obligatoire.
Est ce une bonne chose ? La question
n'est pas là...
Toujours est il que sans la mort la vie
serait longue ; et est ce qu'on s'ennuierait pas un peu
?
A la naissance on se dirait : c'est ça la vie ?
Mais
non y'a la mort.
Ah quand même...
Il fait signe de mettre la musique triste.
Il s'excuse... Il
a pas fait exprès...
Je suis
sûr qu'il regrette déjà !
A l'accusé : Si.
Allez on l'acquitte !
On l'acquitte !
Si vous le faîtes pas pour lui faîte le pour moi !
Comme l'instituteur qui met un mauvaise note pour dire : t'as
pas bien travaillé bonhomme !
Comme la contractuelle qui met
un PV pour dire : tu t'es pas
bien garé bonhomme !
L'assassin vous tue pour vous dire
: t'étais pas éternel
bonhomme !
Hein ?
Moi ?
Il y a eu de la musique ? Ah, j'ai pas entendu !
J'ai pas le droit ? J'ai été prévenu
ce matin alors je tente des trucs...
Oui, oui je débute, oui
oui...
Ah il faut
le BEPS ?
Ah ben je vais aller le passer alors...
Et là j'ai
fait combien ?
J'ai fait perpette ?
Oh,
on peut dire que j'ai raté la plaidoirie... tsss...
(Il montre son pouce baissé à son client.
)
On se téléphone
pour le chèque !
Allez, sans rancune vieux !!